Proposition d’abolir les conseillères et conseillers pédagogiques - La CAQ fait fausse route
Montréal, le 24 mai 2018. – Bien qu’elle salue la proposition de la Coalition Avenir Québec (CAQ) de valoriser la profession enseignante, la Fédération des professionnelles et professionnels de l’Éducation (FPPE-CSQ) est d’avis que la CAQ rate la cible avec sa proposition d’abolir les conseillères et conseillers pédagogiques (CP) pour les remplacer par des enseignants.
« C’est une excellente nouvelle qu’un parti politique se mette réellement à l’écoute des besoins du personnel enseignant, seulement c’est mal connaître la véritable fonction des CP que de penser que leur abolition puisse répondre à une demande du milieu ou contribuer de quelle que manière que ce soit à la valorisation de la profession enseignante », estime Johanne Pomerleau, présidente de la FPPE-CSQ.
La FPPE-CSQ se demande quel problème la CAQ veut réellement résoudre par cette proposition. Car les CP sont justement des enseignantes ou des enseignants qui ont choisi de parfaire et d’approfondir leurs connaissances afin de devenir accompagnateurs d’adultes enseignantes et enseignants, donc d’exercer cette fonction qu’on qualifie d’« expert » et d’« émérite ».
Les CP, davantage « entraîneurs » qu’enseignants
La FPPE-CSQ croit fermement que les enseignantes et enseignants ont besoin d’un accompagnement permettant une réflexion encadrée sur leur pratique par des personnes qui ne sont pas membres du corps professoral et qui exercent le rôle de formateur et d’accompagnateur.
Pour y arriver, le formateur en devenir doit prendre une distance par rapport à l’enseignement pour développer des compétences de formateur d’adultes.
Le milieu de la recherche rappelle d’ailleurs à quel point le rôle de formateur est distinct de celui d’enseignement, car il commande le développement de compétences bien différentes, comme le rappelle Perrenoud[1] : « Développer des compétences est au cœur du métier de formateur, qui prend la figure d’un entraîneur davantage que d’un transmetteur de savoirs et de modèles ».
C’est d’ailleurs pour cette raison que l’Université de Sherbrooke a développé un programme de perfectionnement qui s’adresse spécifiquement aux conseillères et conseillers pédagogiques.
Une perte d’expertise
De plus, la FPPE-CSQ est d’avis que la proposition de la CAQ de réduire la fonction des CP à leur seul rôle-conseil dans les écoles entraînerait la perte de l’expertise de plusieurs CP qui se sont spécialisés dans un domaine précis (univers social, musique, art, technologie, francisation, etc.) et qui dispensent des formations à l’échelle de la commission scolaire.
« L’abolition du corps d’emploi de CP dans les commissions scolaires telle que proposée par la CAQ ne permettrait plus aux écoles de faire appel aux services d’un spécialiste de discipline et ce serait une perte incroyable pour les enseignants et les élèves si cette expertise pointue disparaissait », déplore Johanne Pomerleau.
[1] Perrenoud, Philippe (2001) « Dix défis pour les formateurs d’enseignants » in Développer la pratique réflexive dans le métier d’enseignant. Professionnalisation et raison pédagogique. Paris, ESF.