D’abord une question de droits : apport des mouvements sociaux québécois à la stratégie nationale pour les objectifs de développement durable

1 mai 2019

D’abord une question de droits : apport des mouvements sociaux québécois à la stratégie nationale pour les objectifs de développement durable

Montréal, 30 avril 2019 - L’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) a mené un processus de consultation en collaboration avec 19 regroupements d’organismes de la société civile québécoise afin de contribuer à l’élaboration de la Stratégie nationale du Canada pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD). Le rapport de cette consultation est disponible sur le site web de l’AQOCI.

Malgré des perspectives positives, comme les nombreux domaines couverts par les objectifs, leur universalité et la volonté d’inclure les groupes les plus marginalisés, les ODD font également l’objet de critiques de la part des regroupements consultés. Alors que certains remettent en question la notion même de « développement durable », d’autres soulignent qu’ils ne réfèrent pas assez explicitement aux instruments internationaux sur les droits humains déjà ratifiés par les États.

En dépit de ces critiques, les divers regroupements représentant la société civile ont jugé important de faire entendre la voix de celles et ceux qu’ils représentent afin de contribuer à l’amélioration et la mise en place de politiques visant à favoriser la réalisation des droits humains, au Québec et au Canada. Dans le cadre de sa consultation, l’AQOCI a rejoint des regroupements et des tables de concertation représentant plus de 4000 organisations de la société civile québécoise et ce, dans une très large gamme de domaines : défense des droits, lutte contre la pauvreté, environnement, droits des femmes, jeunesse, éducation, syndicalisme, etc.

L’AQOCI et les regroupements du Québec souhaitent aussi souligner que les délais extrêmement courts dans lesquels cette consultation sur les objectifs de développement durable a dû être menée représentent un obstacle important à la participation pleine et entière de la société civile.

Il est impératif que le gouvernement consulte plus régulièrement les groupes sociaux sur les enjeux fondamentaux des droits humains. La Stratégie canadienne doit résolument maintenir le cap sur des objectifs concrets ancrés à la réalité des personnes concernées, en phase avec leurs besoins et surtout élaborées avec elles ou les personnes qui les représentent.

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Pour information
Hélène Gobeil
Chargée des communications
Association québécoise des organismes
de coopération internationale (AQOCI)
1001, rue Sherbrooke Est, bureau 540
Montréal (QC) H2L 1L3
514 871-1086 poste 205
Cell : 438 828-2965
communications@aqoci.qc.ca

Les regroupements d’organismes de la société civile québécoise ont fait les déclarations suivantes lors des consultations :

« Il est primordial de favoriser l’agriculture équitable et promouvoir les achats du commerce équitable afin de faire face aux enjeux mondiaux, dont la pauvreté, les inégalités et les dégradations de l’environnement. »
Fouzia Bazid, chargée de projets, Association québécoise du commerce équitable (AQCÉ)

« Pour la Coalition, l’adhésion et la promotion par le Canada auprès des partenaires internationaux d’une Convention internationale pour la promotion et la protection de la diversité alimentaire et agricole représenterait un engagement clair pour cette diversité et la sécurité alimentaire et agricole. Cette convention, qui sera rendue publique à l’automne 2019, est un appel à la cohérence entre les engagements du Canada dans le respect des droits humains fondamentaux dont le droit à l’alimentation et celui de l’environnement et ses engagements commerciaux. »
Marcel Groleau, coprésident, la Coalition pour l’exception agricole et alimentaire

« Disant vouloir éliminer la pauvreté sous toutes ses formes (ODD 1), le Canada a choisi la mesure du panier de consommation pour mesurer l’atteinte de cet objectif. La MPC est un indicateur de faible revenu fondé sur le coût d’un panier de biens et services, qui représente ce dont une personne ou une famille a besoin pour répondre à ses besoins de base. Or, être sorti-e- de la pauvreté et satisfaire ses besoins de base, ce n’est pas la même chose ! »
Virginie Larivière , porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté

« Bien qu’aucun des objectifs de développement durable ne se concentre exclusivement sur la jeunesse, la Coalition de l’engagement jeunesse appuie les jeunes qui ont récemment fait valoir que « Chaque ODD est un ODD qui concerne la jeunesse »
Coalition de l’engagement jeunesse

« La réduction des inégalités passe en grande partie par le renforcement du droit à la syndicalisation à la grandeur du globe. En ce sens, le Canada doit multiplier les efforts afin que les traités internationaux en matière de droits du travail soient entérinés par l’ensemble des pays de la planète. »
Jacques Létourneau, président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN)

« Les gouvernements doivent passer de la parole aux actes, particulièrement dans la lutte contre la pauvreté et la violence envers les femmes, car elles sont trop souvent les premières victimes des changements climatiques et économiques. Nous organiserons des actions en 2020 mettant à l’avant des revendications concrètes permettant d’atteindre véritablement les objectifs de développement durable. »
Marie-France Benoît, Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF)

« Il est impensable qu’en 2019 il y ait encore au Canada des communautés sans accès à l’eau potable et à l’assainissement. Il est impératif que le Canada accorde les moyens financiers et les ressources humaines nécessaires pour régler ce grave problème. »
Martine Châtelain, porte-parole d’Eau Secours

« Nous constatons une lacune majeure dans les indicateurs du Canada en matière de lutte contre les changements climatiques qui ne comprennent aucune mesure des émissions de gaz à effet de serre. Selon nous, le Canada devrait tenir compte des émissions absolues de gaz à effet de serre dans son évaluation, en plus de mesurer les impacts sur les changements climatiques pour toute politique ou mesure adoptée par le Canada. »
Catherine Gauthier, directrice générale, ENvironnement JEUnesse (ENJEU)

« Pour la FECQ, les objectifs de développement durable doivent permettre une éducation accessible et de qualité ainsi que des mesures drastiques de lutte aux changements climatiques. »
Fred-William Mireault, président, Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ)

« Il est plus que temps, au Canada, qu’on consacre les énergies nécessaires pour lutter contre les inégalités socioéconomiques. On s’attend notamment à ce que nos gouvernements se dotent de politiques et de programmes qui permettent à l’ensemble de la population adulte de réaliser son droit au travail en toute égalité, en toute équité et dans des conditions décentes, saines et sécuritaires ».
Serge Cadieux, secrétaire général, Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)

« Pour garantir un développement durable, il est essentiel pour le fédéral de soutenir le développement du logement social, hors marché, afin de garantir des communautés résilientes, particulièrement dans un contexte de financiarisation de l’habitation, de pénurie de logements et de dérèglements climatiques, qui menacent tous le droit au logement. »
Véronique Laflamme, Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)

« Comme les crises écologiques, énergétiques mais aussi sociales et économiques se nourrissent les unes des autres, il faut non seulement viser une réduction rapide des émissions de GES, mais aussi une diminution de toutes formes d’inégalités par une transition énergétique porteuse de justice sociale.
Maude Prud’homme, membre du comité de coordination, Front commun pour la transition énergétique (FCTÉ)

« La mise en œuvre de l’ODD 4 en éducation exige du gouvernement fédéral qu’il réponde aux besoins éducatifs des populations marginalisées et, à cette fin, qu’il lève les nombreux obstacles auxquels font face ces populations, en priorité, les obstacles financiers. Une réelle éducation inclusive est la clé de l’ODD 4. »
Daniel Baril, directeur général, Institut de coopération pour l’éducation aux adultes (ICÉA)

« À contrario de l’objectif de réduction des inégalités dans les pays et d’un pays (ODD no 10), il n’existe aucun mécanisme de redistribution de la richesse dans les accords de libre-échange. On observe une hausse constante des inégalités sociales depuis la signature des premiers accords. Pour que personne ne soit laissé de côté, le Canada doit mettre en place, tant à l’échelle nationale qu’internationale, une fiscalité équitable. »
Ronald Cameron, porte-parole du Réseau québécois sur l’intégration continentale (RQIC)

« Par son approche, holistique, interculturelle et inscrite dans un mouvement social autonome, la TCRI reconnait que les personnes réfugiées et immigrantes sont des acteurs du développement des territoires d’origine et des territoires d’accueil. Elles participent ainsi pleinement au développement social, économique et culturel, permettant l’atteinte des ODD. Le présent rapport de l’AQOCI met en valeur cette contribution, les obstacles qu’ils restent à franchir et des pistes de solution pour y parvenir, dans le respect des droits de tous et chacun ».
Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI)

« La plus importante mesure à prendre par le Canada pour atteindre l’objectif sur la santé en ne laissant personne de côté est de voir à l’intégration complète d’une perspective de droit à la santé, donc comprenant pleinement que la santé, au-delà d’un service public, est un droit humain, dans l’ensemble des lois, politiques, plans d’action et programmes fédéraux relatifs à la santé et aux services sociaux, et en encourageant et soutenant les provinces et territoires à faire de même. »
Mercédez Roberge, coordonnatrice, Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB)