L’ONU plaide en faveur d'un avenir numérique plus sûr et plus inclusif
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L'avenir numérique doit être plus sûr et plus inclusif, déclare le rapport publié lundi par le Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la coopération numérique, près d'un an après sa création par le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres.
Le groupe de haut niveau est co-présidé par l'entrepreneur chinois Jack Ma, à la tête du groupe Alibaba, et la philanthrope américaine Melinda Gates, de la Fondation Gates.
Lors de la présentation du rapport, les auteurs ont présenté une « Déclaration d'interdépendance numérique », qui décrit l'humanité comme étant aujourd’hui « au pied du mur » de l'ère numérique et confrontée à des risques, tels que l'exploitation abusive par des entreprises privées, l'incapacité à réaliser le potentiel humain et une réglementation paralysante mais nécessaire.
La déclaration souligne la conviction du groupe d'experts que la coopération dans l'espace numérique est primordiale puisque les individus, les institutions, les entreprises et les gouvernements ne peuvent gérer seuls le développement numérique, et que les aspirations et les vulnérabilités mondiales sont « profondément interconnectées et interdépendantes ».
Le rapport explore la contribution que la technologie numérique peut apporter à la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030, les liens entre la technologie numérique, les droits de l'homme et la sécurité, et les modèles de coopération numérique entre différentes parties de la société. Le rapport contient plusieurs recommandations fondées sur ces trois thèmes.
Inclusion, confiance et coopération dans l'avenir numérique
Alors que près de la moitié de la population mondiale n'a toujours pas accès à l'Internet, le groupe de haut niveau appelle à ce que tout adulte ait un accès abordable aux réseaux numériques, ainsi qu'aux services financiers et de santé numériques d'ici 2030.
Les femmes et les groupes marginalisés doivent être soutenus, selon le groupe d'experts, grâce à l'adoption de politiques spécifiques visant à assurer leur pleine « inclusion numérique », et des moyens internationalement reconnus pour mesurer l'inclusivité doivent être établis.
Afin de protéger les droits de l'homme, le rapport recommande que le Secrétaire général de l'ONU procède à un examen global de la manière dont les normes relatives aux droits de l'homme s'appliquent aux technologies numériques, et invite les entreprises de médias sociaux à coopérer pleinement pour répondre aux préoccupations en la matière.
Les questions de confiance devraient être abordées dans le cadre d'un 'Engagement mondial sur la confiance et la sécurité numériques', et de nouvelles formes de coopération mondiale devraient être développées par le Secrétaire général des Nations Unies sur la base des recommandations contenues dans ce rapport, a déclaré le groupe de haut niveau.
Les femmes doivent avoir « une place à la table »
La présentation du rapport a été marqué par une discussion en direct sur le Web, à laquelle ont participé António Guterres, Jack Ma et Melinda Gates.
Pour Jack Ma, la technologie numérique contribue à rendre la mondialisation plus inclusive. Donnant l'exemple de sa propre entreprise numérique, Alibaba, M. Ma a dit que sur les 10 millions de petites entreprises qui vendent des produits via ses plateformes en ligne, 50% des « vendeurs » les plus efficaces sont des femmes. La plupart des craintes qui entourent l'Internet viennent des économies plus développées qui veulent « s'accrocher au passé ». En Chine et dans les pays africains, a-t-il dit, les jeunes n'ont pas peur de l'avenir.
Melinda Gates a insisté sur le fait que les femmes doivent avoir « une place à la table », en tant que « créatrices de société », soulignant que les femmes entrepreneures ne reçoivent actuellement que 6% du capital-risque pour les start-ups numériques et que seules 40% des femmes ont accès à l’Internet à travers la planète.
En ce qui concerne les craintes suscitées par l'insuffisance de la gouvernance de l'Internet, Mme Gates a reconnu qu'il s'agissait là d'une préoccupation légitime, mais a noté que le secteur de la technologie se concerte pour s'autogouverner et collaborer. Toutefois, une réglementation intelligente est également nécessaire pour résoudre les problèmes.
M. Guterres a déclaré que la croissance de l'Internet a commencé avec un « optimisme naïf », mais que les inégalités se sont en fait accrues. Il a appelé à l'utilisation de la technologie numérique pour un « saut quantique » dans le développement mondial, et à l'accès de tous à l'Internet. Sans un engagement et un investissement considérables en faveur de l'inclusion numérique, les conflits et les méfiances ne feront que croître.
Plus nous attendrons, plus nous prendrons du retard
Le Secrétaire général a également pris la parole lors d'une réunion informelle de l'Assemblée générale au siège de l'ONU lundi, au cours de laquelle il a exhorté les États membres à étudier de près le rapport et a exprimé l'espoir qu'il stimulera « un débat urgent et ouvert entre gouvernements, secteur privé, société civile et d'autres sur la manière dont nous progressons ensemble en toute sécurité à l'ère de l'interdépendance numérique ».
L'ONU elle-même, en tant que système multilatéral, n’est « pas préparée et doit rattraper son retard », a déclaré le chef de l'ONU, ajoutant que, chaque jour, il voit comment la technologie numérique peut aider l'ONU à remplir sa mission de paix, de droits de l'homme et de développement durable.
Cependant, M. Guterres voit aussi chaque jour des exemples des perturbations que la technologie numérique peut causer et des menaces qu'elle peut faire peser sur cette mission.
« La communauté internationale n'assume pas ses responsabilités. Les systèmes de gouvernance de la technologie numérique sont anciens, fragmentés et réactifs. Plus nous attendrons pour mettre à jour ces systèmes, plus nous prendrons du retard », a affirmé le Secrétaire général.
Le groupe de haut niveau sur la coopération numérique, composé de 20 personnes, est coprésidé par Jack Ma et Melinda Gates, et ses membres sont issus d'un groupe diversifié d'experts indépendants, dont Vint Cerf, pionnier américain de l'Internet, et Sophie Eom, spécialiste du marketing numérique en Corée du Sud.
Le groupe d'experts a été créé pour répondre au souhait du chef de l'ONU d'associer l'industrie et le secteur privé, ainsi que les gouvernements, les universités, la société civile et les organisations intergouvernementales, aux efforts visant à relever les défis de l'ère numérique.