Malgré les progrès accomplis en matière de parité entre les filles et les garçons dans l'accès à l'éducation, l'UNESCO appelle à redoubler d'efforts
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Paris, 5 juillet—En dépit de progrès significatifs réalisés pour combler les écarts entre les garçons et les filles dans l’accès à l’éducation à travers le monde au cours des 20 dernières années, le nombre de femmes adultes analphabètes dans les pays à faible revenu a augmenté de 20 millions depuis 2000, selon le dernier Rapport mondial de suivi sur l'éducation (GEM) de l'UNESCO.
Le Rapport Bâtir des ponts pour promouvoir l’égalité des genres est présenté à l'occasion de la Réunion des ministres du développement et de l'éducation du G7 et de la Conférence internationale G7-UNESCO qui se tient au siège de l'Organisation.
Il présente les toutes premières données de l'aide à l'éducation du G7. Selon le Rapport, 55 % de l’aide est allouée à l’égalité des genres, le Canada étant le pays y consacrant le plus de budget (92 %), suivi de la France et du Royaume-Uni qui consacrent respectivement 76 % de leur aide au développement de l’éducation.
Le nouveau Rapport met également en évidence d'importantes disparités et des progrès inégaux dans les différentes régions. Un tiers des pays n’offrent pas les mêmes chances aux filles qu’aux garçons dans l'enseignement primaire. La moitié des pays dans le monde ne parvient pas à proposer un enseignement secondaire inférieur équivalent pour les filles et les garçons, selon le rapport, qui souligne également que seulement un pays sur quatre propose un enseignement secondaire supérieur identique pour les filles et les garçons. L’Afrique subsaharienne est loin derrière à tous les niveaux d'enseignement et, pour la première fois, les États arabes sont les plus en retard en termes d’égalité dans l'enseignement primaire, peut-être en raison des conflits. L'Asie centrale et l'Asie du Sud ont fait de grands progrès, sous l'impulsion de rapides changements en Inde.
« S'attaquer de front aux inégalités est le seul moyen de parvenir à une éducation de qualité pour tous », a déclaré la Directrice générale de l'UNESCO, Audrey Azoulay. « Nous nous félicitons de la décision du G7 de se concentrer sur l'éducation des filles, une priorité essentielle de l'UNESCO pour les six prochaines années. Il s'agit là d'une évolution positive non seulement pour la réalisation d'un droit humain fondamental des filles et des femmes, mais aussi pour tous ceux qui œuvrent en faveur du développement durable et de la paix ».
Le Rapport analyse les 20 pays présentant les écarts les plus importants entre les filles et les garçons dans le domaine de l'éducation et identifie leurs politiques en matière d'égalité des genres. Les récompenses en espèces et en nature pour les familles dont les enfants vont à l'école sont les politiques les plus populaires, mises en œuvre dans trois plans nationaux sur quatre. Seul un pays sur cinq a pris des mesures pour réformer ses programmes et manuels scolaires, assurer la participation des filles dans les domaines des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques, ou assurer un accès sûr aux écoles. En Angola, en République centrafricaine, à Djibouti et en Mauritanie, les plans d'éducation font peu référence aux inégalités entre les genres dans l'éducation, mais ceux du Niger, de la Guinée et de la Somalie présentent de solides feuilles de route pour le changement.
« Nous pouvons essayer d'améliorer les systèmes éducatifs autant que nous le souhaitons, mais il est peu probable qu'un changement réel se produise si nous ne nous attaquons pas également aux normes et attitudes négatives en matière de genre dans la société », a averti Manos Antoninis, directeur du Rapport mondial de suivi sur l'éducation. « Plus d'un quart de la population pense encore qu'il est plus important pour un garçon d'aller à l'université qu'une fille. Nous devons autonomiser les filles, éduquer les garçons et les hommes et identifier de nouveaux modèles si nous voulons remettre en question le statu quo ».
Faire évoluer les mentalités est d'autant plus nécessaire pour parvenir à la parité, si l'on considère que 117 pays et territoires autorisent encore les filles à se marier et que quatre pays d'Afrique subsaharienne appliquent une interdiction totale du retour des filles à l'école après la grossesse.
L'inégalité est également présente dans les systèmes éducatifs où l'enseignement reste généralement une profession féminine mais où les postes à responsabilité sont occupés par des hommes. Dans 28 pays, pour la plupart à revenu élevé, 70 % des enseignants du premier cycle du secondaire sont des femmes, mais les femmes ne représentent que 53 % des directrices d'école.
L'inégalité touche les filles et les femmes dans les programmes techniques et professionnels, qui restent des bastions masculins. Seul un quart des personnes inscrites dans les programmes d'ingénierie et de technologie de l'information et de la communication sont des femmes.
L'inégalité entre les genres continue d'entraver le développement des filles et des femmes au détriment de toutes les sociétés. L'UNESCO appelle à un plus grand engagement politique en faveur de l'égalité entre les genres sous la forme de lois et de politiques. Le 5 juillet, l'UNESCO lancera une initiative mondiale intitulée Son éducation, notre avenir pour encourager la coopération autour de trois piliers principaux : de meilleures données, de meilleures politiques et de meilleures pratiques pour l'autonomisation des filles et des femmes par l'éducation. Dans le cadre de son plaidoyer pour cette initiative, l'UNESCO a produit et mis en ligne une carte interactive contenant des informations sur l'état des constitutions, législations et réglementations nationales en matière d'égalité des genres dans les pays du monde entier.