Retour sur le séminaire international « Résistance et construction du mouvement : confronter le néolibéralisme par l’économie féministe et des biens communs »

22 aoû 2019

Retour sur le séminaire international « Résistance et construction du mouvement : confronter le néolibéralisme par l’économie féministe et des biens communs »

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Marche mondiale des femmes (MMF)

C’est sous le thème « Résistance et construction du mouvement : confronter le néolibéralisme par l’économie féministe et des biens communs » que s’est tenu du 17 au 19 juin à Sao Paulo un séminaire international organisé par la Marche mondiale des femmes (MMM). La rencontre a réuni une trentaine de militantes féministes de plus de 15 pays des Amériques, d’Europe, d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient. Voici un texte sur les réflexions collectives du séminaire.

Néolibéralisme, conservatisme et montée de l’extrême droite

La réflexion sur l’ordre mondial actuel s’est basée sur les contributions de collègues des Philippines, de la Turquie, du Brésil et des États-Unis. Parmi les constats communs à toutes les participantes, on retrouve l’antiféminisme et les abus du nouvel ordre néolibéral dans la construction des nouveaux régimes politiques lesquels imposent des gouvernements fondés sur l’oppression des pauvres. Ces nouveaux gouvernements considèrent les luttes féministes contre la violence et l’exploitation comme des menaces. Aux Philippines et dans d’autres parties du monde, la guerre contre la drogue s’attaque directement aux pauvres. Le néolibéralisme est un projet autoritaire exacerbé par la montée de l’extrême droite. Les perspectives radicales du féminisme dans la défense de la démocratie ne peuvent être dissociées de la lutte pour une transformation du modèle économique et social.

Bien que le moment politique actuel soit nouveau, il porte des caractéristiques intrinsèques du capitalisme hétéropatriarcal et raciste. L’extractivisme, les mégaprojets de construction, les coupes dans l’éducation et la santé, la privatisation des biens communs et les changements climatiques sont autant de manifestations concrètes de la logique prédatrice qui ordonne le néolibéralisme.

L’ordre du jour représenté par les présidents d’extrême droite, comme Donald Trump aux États-Unis, a des racines anciennes et profondes dans l’histoire des pays, dont beaucoup ont été érigés à partir du génocide des peuples autochtones et de l’esclavage. La militarisation de la vie, les mécanismes de contrôle, l’emprisonnement des Noirs, la criminalisation des mouvements, la xénophobie et la monopolisation des médias sont des éléments qui alimentent l’idéologie raciste, patriarcale et capitaliste et légitiment quotidiennement le terrorisme de ce système. Dans différents territoires, la militarisation a des liens étroits avec les sociétés transnationales qui utilisent l’appareil répressif de l’État pour défendre leurs intérêts corporatifs. Les femmes sont les protagonistes de la résistance à la militarisation. La stratégie de construction du pouvoir populaire est la clé de cette résistance.

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