Selon le rapport GRALE 4 de l’UNESCO, moins de 5% de la population de nombreux pays bénéficient d’opportunités d’apprentissage des adultes
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Paris, 4 décembre — Dans près d’un tiers des pays, moins de cinq pour cent des adultes âgés de 15 ans et plus participEnt à des programmes d’apprentissage et d’éducation des adultes, révèle le quatrième Rapport mondial de l’UNESCO sur l’apprentissage et l’éducation des adultes (GRALE 4). Les adultes en situation de handicap, les séniors, les réfugiés et migrants, les groupes minoritaires et autres segments défavorisés de la société sont particulièrement sous-représentés au sein des programmes d’éducation des adultes et se voient ainsi privés d’un accès pourtant crucial aux opportunités d’apprentissage tout au long de la vie.
Publié par l’Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie, le rapport examine dans quelle mesure les États membres de l’UNESCO transposent dans la réalité les engagements qu’ils ont pris vis-à-vis de l’apprentissage et de l’éducation des adultes, et s’appuie pour ce faire sur les données fournies par 159 pays. Il appelle à un changement profond de l’approche adoptée envers l’apprentissage et l’éducation des adultes (AEA) dans le sens où elle doit être étayée par des investissements adéquats propres, d’une part à assurer à tout un chacun la possibilité d’accéder à l’AEA et de bénéficier de ses bienfaits, et d’autre part, à garantir que l’AEA contribue pleinement à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
« Nous appelons les gouvernements et la communauté internationale à conjuguer leurs efforts aux nôtres et à prendre des mesures pour veiller à ce qu’aucune personne – quels que soient son identité, le lieu où elle vit ou les défis qu’elle rencontre – ne soit laissée pour compte au regard du droit universel à l’éducation » affirme la Directrice générale de l’UNESCO, Mme Audrey Azoulay, approuvant les recommandations du rapport. « En veillant au respect par les pays donateurs de leurs obligations d’aider les pays en développement, nous pouvons faire de l’apprentissage et l’éducation des adultes un levier clé pour autonomiser et encapaciter les adultes en tant qu’apprenants, travailleurs, parents et citoyens actifs. »
La publication souligne le besoin d’accroître les investissements dans l’AEA, de réduire les coûts à sa participation, de sensibiliser davantage à ses bénéfices et d’améliorer la collecte de données et le suivi, en particulier pour les groupes défavorisés.
Les progrès en matière de participation à l’apprentissage et l’éducation des adultes sont insuffisants
Malgré une faible participation dans l’ensemble, bien plus de la moitié des pays répondants (57 % de 152) ont signalé une augmentation du taux global de participation à l’AEA entre 2015 et 2018. Les pays à faible revenu ont fait état de l’augmentation la plus conséquente de la participation à l’AEA (73 %), suivis des pays à revenu intermédiaire inférieur et des pays à revenu intermédiaire supérieur (61 % et 62 %).
La plupart des augmentations de la participation à l’AEA avaient eu lieu en Afrique sub-saharienne (72 % des répondants), suivie de la région arabe (67 %), de l’Amérique latine et des Caraïbes (60 %) et de l’Asie-Pacifique (49 %). L’Amérique du Nord et l’Europe de l’Ouest ont signalé les hausses les plus faibles (38 %), bien que partant de niveaux plus élevés.
Les données révèlent des inégalités profondes et persistantes en matière de participation, et indiquent que les principaux groupes cibles tels que les adultes en situation de handicap, les séniors, les groupes minoritaires ainsi que les adultes vivant dans les pays ravagés par des conflits demeurent hors d’atteinte de l’AEA.
La participation des femmes doit continuer de croître
Tandis que le rapport mondial montre que la participation des femmes à l’AEA a augmenté dans 59 % des pays répondants depuis 2015, les filles et les femmes d’autres régions du globe n’ont toujours pas suffisamment accès à l’éducation, notamment à la formation professionnelle. Dotées de peu de compétences et disposant de faibles chances de trouver un emploi, elles peuvent à peine participer aux sociétés dans lesquelles elles vivent, ce qui se traduit par une perte économique pour leurs pays.
La qualité s’améliore mais trop lentement
Une AEA de qualité est également susceptible de fournir un soutien inestimable au développement durable, et le GRALE 4 signale que trois quarts des pays rapportent des progrès dans la qualité de l’éducation depuis 2015. Des progrès qualitatifs peuvent être relevés en matière de curricula, d’évaluation, de méthodes d’enseignement et de conditions d’emploi des éducateurs d’adultes. Cependant, les progrès en éducation à la citoyenneté, qui s’avère essentielle pour promouvoir et protéger la liberté, l’égalité, la démocratie, les droits humains, la tolérance et la solidarité, demeurent négligeables. Pas plus de 3 % des pays ont fait état de progrès qualitatifs dans ce domaine.
De la nécessité d’accroître le financement de l’apprentissage et l’éducation des adultes
Le GRALE 4 établit que ces dix dernières années, les dépenses d’apprentissage et d’éducation des adultes n’atteignent pas les niveaux suffisants, non seulement dans les pays à faible revenu mais aussi dans les pays à revenu intermédiaire inférieur et dans les pays à revenu élevé. Quelque 20 % des Etats membres ont déclaré consacrer moins de 0,5 % de leurs budgets d’éducation à l’AEA et 14 %, moins de 1 %. Cette information fournit la preuve que de nombreux pays ont échoué à effectivement augmenter le financement de l’AEA tel que proposé dans le GRALE 3 et que ce domaine souffre d’une allocation insuffisante de fonds. Par ailleurs, ce sous-financement frappe les adultes socialement défavorisés avec la plus grande dureté. Le manque de fonds entrave également la mise en œuvre de nouvelles politiques et de pratiques efficaces de gouvernance.