Pas de rachat obligatoire des armes d’assaut - « Une trahison » pour les familles de victimes qui luttent depuis 30 ans pour une interdiction

18 fév 2021

Pas de rachat obligatoire des armes d’assaut - « Une trahison » pour les familles de victimes qui luttent depuis 30 ans pour une interdiction

Montréal, Québec, 16 février 2021 - Les survivants, les témoins et les familles des victimes ont réagi avec colère et consternation à la décision du Gouvernement Trudeau de revenir sur sa promesse électorale de retirer de la circulation toutes les armes d'assaut nouvellement "prohibées", en proposant un programme de rachat "volontaire" contrairement au rachat obligatoire effectué en Nouvelle-Zélande (2020) et en Australie (1996) dans la foulée de fusillades de masse avec des armes à feu semi-automatiques de type militaires.

"C'est une trahison totale. Ma famille et moi avons lutter pendant trois décennies pour interdire ces armes. Nous pensions avoir gagné à l'automne 2019 alors que les libéraux ont annoncé en grande pompe qu'ils allaient interdire et racheter toutes ces machines de guerre. Ils ont menti. Ils nous ont menti et ils ont menti aux Canadiens", déclare Suzanne Laplante-Edward, mère d'Anne-Marie qui a été assassinée à l'École Polytechnique.

"Sans un programme de rachat obligatoire, des dizaines de milliers d'armes d'assaut complètement fonctionnelles resteront en circulation pendant des décennies. Peu importe que les propriétaires d'armes ne seront pas ‘autorisés’ à les utiliser. Le fait est qu'ils le peuvent. Et ça n’en prend qu’un seul pour provoquer un massacre", dit Nathalie Provost, qui a survécu à quatre blessures par balle lors du massacre à Polytechnique.

"C'est une grande victoire pour le lobby des armes. En laissant des milliers d'armes d'assaut intactes entre les mains de particuliers, les libéraux s'assurent que le prochain gouvernement conservateur pourra facilement annuler l'interdiction. En attendant, les dons se déverseront dans les caisses du lobby des armes, qui deviendra à son tour de plus en plus puissant. C’est une demi-mesure facilement réversible qui achète du temps pour les groupes pro-armes qui peuvent désormais dire à leurs membres de garder leurs armes d'assaut pendant qu'ils s'efforcent de porter les conservateurs au pouvoir. Ils n'auront pas non plus à faire un lobbying très fort, puisque Erin O'Toole a déjà promis d'abroger l'interdiction", explique Heidi Rathjen, témoin de la tragédie de Polytechnique et coordinatrice de PolySeSouvient. "Et si le gouvernement pense que les opposants à l'interdiction sont plus susceptibles de s'enregistrer que de rendre leurs armes, ils devraient tenir compte de la conviction de longue date du lobby des armes à feu selon laquelle l'enregistrement est synonyme de confiscation".

"Rien dans ce projet de loi n'aurait changé quoi que ce soit en lien avec les circonstances ayant mené à la fusillade à notre mosquée. Bissonnette serait toujours en possession de ses armes d'assaut, de ses armes de poing et de ses chargeurs de grande capacité. C'est une grande déception pour toute la communauté musulmane de la Mosqué de Québec qui souffre encore et qui comptait sur ce gouvernement pour faire en sorte qu’un bien tangible puisse émaner de cette tragédie", déplore Boufeldja Benabdallah, cofondateur de la Mosquée de Québec. "Aussi longtemps que ces armes demeurent en circulation, elles représenteront un risque pour la sécurité publique. Les tireurs de Polytechnique, de Dawson et de notre mosquée en étaient tous des propriétaires légaux".

"Le gouvernement dit qu'il sera illégal de tirer avec ces armes protégées faisant l’objet de clauses grand-père... alors pourquoi permettre cette possibilité ? Pourquoi ne pas exiger qu'elles soient rendues inopérantes ? Où est la logique de les garder fonctionnelles si on ne peut las légalement les tirer?" demande Kathlene Dixon, témoin de la fusillade à l'école Dawson et mère de la victime Meaghan Hennegan.
"Si nous avons applaudi les libéraux lors des dernières élections et annoncé aux Canadiens qu'ils étaient le meilleur parti pour le contrôle des armes à feu, c'est parce que leur promesse comprenait une interdiction totale. C'est pourquoi nous les avons endossés. Ils ont cité notre endossement. Ils ont référé le public à notre communiqué de presse. Il s'avère que nous nous sommes fait avoir. Nous avons été utilisés, trompés et trahis", dit Meaghan Hennegan, qui a été blessée à Dawson.