Davantage de femmes parlementaires, mais une parité difficile à instaurer
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À la suite des élections tenues en 2020, la proportion de femmes parlementaires dans le monde a atteint un taux record de 25,5 pour cent, soit une augmentation de 0,6 point par rapport à 2019. C’est ce qu’indique la dernière édition du rapport de l’Union interparlementaire (UIP) intitulé Les femmes au parlement.
L’UIP scrute la participation des femmes au parlement depuis des décennies, ce qui lui permet d’observer les progrès ainsi que les reculs. L’Organisation élabore chaque année un rapport dont la publication coïncide avec la Journée internationale des femmes, le 8 mars. Si des progrès ont été régulièrement accomplis ces dernières années, ils restent extrêmement lents. Au rythme actuel, il faudra encore 50 ans pour atteindre la parité entre les hommes et les femmes au sein des parlements dans le monde. Au 1er janvier 2021, seuls trois parlements (au Rwanda, à Cuba et aux Émirats arabes unis) comptaient au moins 50 pour cent de femmes parlementaires.
Susan Kihika, parlementaire kenyane et Présidente du Forum des femmes parlementaires de l’UIP, explique : "Certes, un quart des parlementaires dans le monde sont des femmes, mais ce taux est encore loin de représenter la moitié de la population mondiale. Révéler tout le potentiel des femmes qui composent cette moitié doit être notre priorité."
De son côté, le Président de l’UIP, Duarte Pacheco, indique : "Parvenir à l’égalité des sexes dans les parlements est une responsabilité partagée entre les hommes et les femmes, en particulier les parlementaires, qui, par définition, sont élus pour prendre des décisions. Ce n’est qu’en œuvrant ensemble et en prenant des mesures fortes que nous pourrons progresser et nous diriger plus rapidement vers le changement."
Martin Chungong, Secrétaire général de l’UIP, développe cette idée : "Des progrès sont en cours, mais les parlements doivent davantage s’ouvrir aux femmes. Il leur faut intégrer la question du genre et transformer leur mode de fonctionnement et leurs structures pour offrir aux femmes et aux hommes un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, ne tolérer aucune forme de violence à l’égard des femmes en politique, promouvoir des changements juridiques pour une meilleure inclusion des femmes, et devenir des acteurs clés de l’autonomisation politique des femmes."
COVID-19 et représentation des femmes dans la vie politique
Le rapport de l’UIP indique que la pandémie de COVID-19 a eu des répercussions négatives sur les élections et les campagnes en 2020. Des élections parlementaires nationales ont été reportées dans une vingtaine de pays, principalement en raison de la crise, mais ont pu se dérouler dans 57 pays. Le ralentissement économique n’a fait que renforcer les inégalités entre les sexes qui prévalaient déjà au niveau socio-économique. Des femmes souhaitant faire campagne n’ont pas pu bénéficier des financements requis, voire n’ont pas pu mener à bien leur projet. La violence à l’égard des femmes est de plus en plus répandue sur Internet et menace leur participation à la vie publique.
Néanmoins, l’adoption de modalités de travail à distance et d’outils technologiques pour les travaux parlementaires peuvent, à terme, avoir des retombées positives sur les femmes au parlement. La tenue d’élections et de réunions en ligne a favorisé la participation de membres ne pouvant se déplacer facilement, comme les personnes handicapées ou ayant des enfants en bas âge. Les pratiques flexibles ne nécessitant pas une présence sur le lieu de travail peuvent permettre à davantage de femmes et d’hommes de conjuguer obligations familiales et carrière politique.
De même, les femmes parlementaires ont tout intérêt à tirer des enseignements mutuels de leurs expériences et à intégrer des réseaux virtuels de femmes à l’échelle internationale pour renforcer leur résilience et leur autonomisation dans le contexte de la pandémie et au-delà.
Des femmes aux plus hautes fonctions des parlements
En 2020, 58 femmes occupaient la fonction de présidente de parlement dans le monde, un chiffre en augmentation par rapport à l’année précédente et qui représente une moyenne mondiale de 20,9 pour cent. Toutes les régions du monde étaient concernées, avec des variations selon les régions.
L’élection de la première femme vice-présidente des États-Unis marquera l’histoire à jamais. En vertu de la Constitution, Kamala Harris est également devenue Présidente du Sénat. Avec Nancy Pelosi à la tête de la Chambre des représentants, les deux chambres du Congrès américain ont désormais des femmes pour présidentes.
Des quotas bien pensés : la clé du progrès
Des quotas électoraux ont été appliqués dans 25 des 57 pays dont le parlement a été renouvelé en 2020. Davantage de femmes ont été élues dans les parlements utilisant des quotas : en moyenne 11,8 pour cent en plus dans les chambres uniques et les chambres basses et 7,4 pour cent dans les chambres hautes.
Les quotas bien pensés et savamment appliqués ont globalement permis d’empêcher un recul des progrès en 2020.
Des progrès dans toutes les régions du monde
Une fois de plus, les Amériques, avec 32,4 pour cent de femmes parlementaires, se placent en tête des régions, et ce malgré les bouleversements politiques qui ont secoué l’Amérique latine, notamment au Chili, en Colombie et en Équateur. En 2020, les États-Unis ont affiché des taux historiques dans le corps législatif national, avec 26,9 pour cent de femmes parlementaires dans les deux chambres réunies.
En Afrique subsaharienne, le Mali et le Niger ont réalisé des avancées considérables en dépit de graves problèmes de sécurité. Grâce à l’adoption ou à la modification de politiques de quotas, ces avancées ont pu être préservées de l’instabilité. Ces pays démontrent que la participation des femmes aux processus de transition est essentielle à leur autonomisation politique.
En Europe, à la suite de 4 des 14 renouvellements de parlement, le taux de représentation des femmes a dépassé 30 pour cent dans au moins une des chambres : en Irlande, en Serbie, en Macédoine du Nord et en France. Trois pays, l’Azerbaïdjan, la République tchèque et la Roumanie, n’ont pas réussi à atteindre le seuil des 20 pour cent.
Dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, l’Égypte a atteint des sommets historiques grâce à une nouvelle loi sur les quotas s’appliquant à la Chambre des représentants. Néanmoins, dans l’ensemble, la proportion de femmes dans les parlements dans cette région – 17,8 pour cent, toutes chambres confondues – y est plus faible que dans toutes les autres régions.
Des avancées ont été réalisées en Asie, où la représentation des femmes a augmenté dans les chambres hautes du Tadjikistan, du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan. Lors des renouvellements de parlement en 2020, seul le Népal a franchi la barre des 30 pour cent de femmes, ce qui lui permet de maintenir les bons résultats obtenus depuis dix ans.
À l’exception de la Nouvelle-Zélande, la représentation des femmes dans les parlements du Pacifique est demeurée faible ou inexistante à la suite des élections tenues en 2020. Le nouveau Parlement néo-zélandais est entré dans l’histoire avec un nombre sans précédent de femmes parlementaires et de parlementaires de couleur, LGBTQ+ et maoris.