17 milliards de dollars US pour atteindre l'alphabétisation universelle dans les 29 pays de l'Alliance mondiale pour l'alphabétisation de l'UNESCO
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773 millions de jeunes et d'adultes dans le monde n'ont pas les compétences de base en matière d'alphabétisme, dont deux tiers de femmes. Ils sont privés d’accès à des emplois décents, de possibilités de poursuivre leur apprentissage, d’informations pertinentes pour leur vie quotidienne et d’une pleine participation à leur communauté.
À l'occasion de la Journée internationale de l'alphabétisation 2021, l'Institut de l'UNESCO pour l'apprentissage tout au long de la vie appelle la communauté internationale à accroître son financement et à faire preuve d’une plus grande volonté politique pour permettre à tous les jeunes et à une proportion substantielle d'adultes d’apprendre à lire, écrire et compter, comme le prévoient les Objectifs de développement durable.
Une analyse des coûts effectuée par l'UNESCO, tenant compte des effets de la pandémie de COVID-19 sur les ménages nationaux, montre que si les membres de l'Alliance mondiale pour l'alphabétisation (GAL)(1) où vivent 75 % des analphabètes dans le monde, veulent parvenir à un alphabétisme fonctionnel quasi universel d'ici 2030, la communauté internationale devra combler d'urgence un déficit de financement de 17 milliards de dollars US.(2)
David Atchoarena, directeur de l'Institut de l'UNESCO pour l'apprentissage tout au long de la vie (UIL), déclare : « La pandémie de COVID-19 a clairement montré que l'alphabétisation sauve des vies ! Ce n'est que si les populations savent lire et écrire qu'elles pourront accéder à des informations vitales et être en capacité d’agir de manière responsable dans des situations d'urgence telles que celle provoquée par la pandémie. »
Mais même si 4 à 6 % du PIB national(3) est alloué à l'éducation et que 3 % du budget de l'éducation est investi dans l'alphabétisation, comme le recommande le Cadre d'action pour la mise en œuvre de l'ODD 4, les pays de l'Alliance mondiale pour l'alphabétisation ne parviendront à un alphabétisme quasi universel d'ici 2030 qu'avec le soutien de la communauté internationale.
« Cette analyse révèle le chemin qu'il nous reste à parcourir pour atteindre cet objectif, conformément aux engagements pris par les dirigeants de la planète dans le cadre des Objectifs de développement durable. J'appelle les donateurs du monde entier à contribuer à combler le déficit de financement actuel de 17 milliards de dollars US », conclut M. Atchoarena.
Le déficit de financement le plus important dans 20 pays membres de l'Alliance mondiale pour l'alphabétisation
Selon l’'étude, le déficit de financement est le plus important dans les 20 pays de l'Alliance mondiale pour l'alphabétisation qui ne font pas partie de l'E9, avec un montant estimé à 12 milliards de dollars US. La plupart de ces pays, dont, par exemple, le Burkina Faso, Haïti et le Soudan du Sud, ont besoin d'un soutien financier extérieur important car ils ne pourront pas couvrir les coûts à partir de leurs budgets nationaux.
« La pandémie de COVID-19 a mis les budgets nationaux des pays de l'Alliance mondiale pour l'alphabétisation sous une pression ardente. Mais l'investissement dans l'alphabétisation est très capital si nous voulons bien nous remettre de cette pandémie mondiale. Nous devons veiller à ce que l'alphabétisation soit un élément central pour les stratégies de relance de l'éducation et que des budgets conséquents soient alloués. Toutefois, sans le soutien de la communauté internationale, nous ne pourrons pas atteindre l'objectif de l'alphabétisation universelle d'ici 2030, comme l'a promis la communauté internationale », déclare S.E. Kouaro Yves Chabi, Ministre béninois des Enseignements secondaire, technique et de la Formation professionnelle et coprésident de l'Alliance mondiale pour l'alphabétisation de l'UNESCO.
Plus de données et une coordination renforcée sont nécessaires
Le document souligne que, si des données de base sur les taux d'alphabétisme existent, il est impératif de poursuivre la collecte de données et la recherche dans les pays de l’Alliance afin de permettre une prise de décision éclairée en ce qui concerne l'offre et l'expansion de programmes d'alphabétisation de qualité.
Outre un financement accru de la part des gouvernements nationaux et des partenaires internationaux, il importe de renforcer les capacités de coordination, de planification, de gestion et de suivi des ministères, départements et prestataires concernés. En outre, le défi de l'alphabétisation exige un partenariat plus fort entre les différentes parties prenantes aux niveaux local, national et mondial.
La première version du document d'analyse des coûts a été publiée en 2019 par l'UIL, la Division des politiques et des systèmes d'apprentissage tout au long de la vie de l'UNESCO et l'Institut de statistique de l'UNESCO, en collaboration avec l'équipe du Rapport mondial de suivi sur l'éducation. Cette version révisée est publiée par l'UIL et la Division des politiques et des systèmes d'apprentissage tout au long de la vie de l'UNESCO.
Notes techniques
- Les membres de l'Alliance mondiale pour l'alphabétisation sont l'Afghanistan, le Bénin, le Burkina Faso, les Comores, la Côte d'Ivoire, l'Éthiopie, la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau, Haïti, l'Irak, le Liberia, le Mali, la Mauritanie, le Niger, la République centrafricaine, le Sénégal, la Sierra Leone, le Soudan du Sud et le Tchad, ainsi que les pays de l'E-9, à savoir le Bangladesh, le Brésil, , l'Égypte, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique, le Nigeria, le Pakistan et la République populaire de Chine. Les pays de l'E9 sont ceux qui comptent le plus grand nombre de jeunes et d'adultes n'ayant aucune compétence d’alphabétisme de base ou de très faibles compétences, tandis que 14 des 20 pays de l’Alliance restants affichaient un taux de littératie des adultes inférieur à 50 % en 2017.
- Les coûts calculés ci-dessus comprennent le salaire annuel des instructeurs et se basent sur l'estimation de 500 heures de contact par apprenant, comme l'a estimé le groupe d'experts 2019 de l'étude.
- Dans la Déclaration et le Cadre d'action d'Incheon pour la mise en œuvre de l'Objectif de développement durable 4, il est recommandé aux pays d'allouer au moins 4 % à 6 % du produit intérieur brut (PIB) à l'éducation ; et/ou d'allouer au moins 15 % à 20 % des dépenses publiques à l'éducation.