Pour réduire le fardeau des soins, la violence et l’insécurité économique que doivent supporter les femmes, la préparation aux situations d’urgence nécessite la prise d’initiatives sensibles au genre

26 juin 2022

Pour réduire le fardeau des soins, la violence et l’insécurité économique que doivent supporter les femmes, la préparation aux situations d’urgence nécessite la prise d’initiatives sensibles au genre

New York, 23 juin 2022 – Selon un nouveau rapport mondial publié aujourd’hui par ONU Femmes et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), les pays où il existe un plus grand leadership féminin, des systèmes de protection sociale et de soins universels et un espace pour la participation des organisations féministes à la prise de décision démocratique sont mieux à même de répondre à des crises telles que la pandémie de COVID-19.

Alors que les impacts cumulés de la pandémie de COVID-19, de l’aggravation de l’urgence climatique et des conflits géopolitiques menacent l’égalité des sexes et les droits des femmes, une analyse basée sur de nouvelles données mondiales fournit des recommandations spécifiques aux gouvernements pour garantir que leurs stratégies de relance économique et de préparation aux situations d’urgence sont sensibles au genre, intégrées et résilientes.

« Les pays dotés de systèmes de protection sociale et de services publics plus robustes obtiennent de meilleurs résultats en matière d’égalité des sexes, et ils ont par conséquent mieux résisté aux crises de ces dernières années. Mais le monde continue de subir des bouleversements. Nous devons nous appuyer sur les nombreuses innovations politiques que nous avons constatées dans toutes les régions pendant la pandémie et redoubler d’efforts pour garantir que les femmes sont incluses dans la prise de décision lors des crises », a déclaré Sima Bahous, Directrice exécutive d’ONU Femmes. « Ce rapport montre que, lorsque les femmes dirigent, tout le monde bénéficie d’une réponse à la crise plus inclusive et efficace, ainsi que d’économies et de sociétés plus résilientes, aujourd’hui et dans l’avenir. »

Près de 5 000 politiques ont été examinées au cours d’une période de deux ans par le COVID-19 Global Gender Response Tracker, un outil de suivi mondial des réponses à la COVID-19 sensibles au genre élaboré par le PNUD et ONU Femmes, qui est le référentiel mondial le plus exhaustif des réponses sensibles au genre apportées par les gouvernements pour faire face à la pandémie. Cet outil identifie la manière dont les décideurs mondiaux ont réagi aux impacts économiques et sociaux de la pandémie, qui continuent de toucher les femmes de manière disproportionnée.

Dans 196 des 226 pays étudiés, au moins une mesure sensible au genre a été adoptée, selon le nouveau rapport publié aujourd’hui et intitulé « Government responses to COVID-19: Lessons on gender equality for a world in turmoil ».

Les pays enregistrant un nombre de femmes élues plus important, indépendamment du revenu national, ont adopté davantage de politiques et de budgets intégrant des considérations de genre. Les pays dotés de démocraties fortes, de mouvements féministes puissants ou d’une proportion élevée de femmes au parlement ont adopté en moyenne cinq mesures sensibles au genre de plus que les pays qui en étaient dépourvus.

Cependant, même dans les pays où la représentation est inégale, les femmes leaders politiques ont exigé que leur voix soit entendue.

Les Fidji, par exemple, ont activé leur mécanisme de réponse aux situations de crise existant, destiné à agencer les réactions aux catastrophes naturelles, afin d’adopter 14 mesures historiques pour atténuer le fléau de la violence à l’égard des femmes et des filles pendant la pandémie.

Le Groupe parlementaire des femmes en Tanzanie a défendu des campagnes d’information publique sensibles au genre et a ciblé des fonds publics pour le bénéfice d’initiatives spécifiques aux femmes. Hala El-Said, la ministre égyptienne de la Planification et du Développement économique, a présidé un groupe de travail dont l’objectif consistait à déterminer comment réduire l’impact de la pandémie sur le travail informel, secteur où se concentre l’emploi des femmes.

« Rétablir la sécurité économique des femmes et garantir leurs droits est une priorité essentielle pour les gouvernements et les Nations Unies, y compris le PNUD », a déclaré Achim Steiner, administrateur du PNUD. « Pour répondre aux crises actuelles et futures, il faut agir dès maintenant pour s’assurer que les économies et les sociétés seront mieux préparées et plus résilientes à l’avenir. Ce rapport montre ce que les gouvernements peuvent accomplir dans leur réponse à la crise lorsqu’ils accordent la priorité à l’égalité des sexes ».

L’action collective des femmes renforce également la sensibilité des pays individuels au genre. Les groupes féministes de la société civile ont à la fois influencé la réponse immédiate dans leurs pays respectifs et fourni des éléments de preuve et des données visant à impulser une vision féministe de la relance et de la transformation d’après pandémie.

L’Irlande et le Chili comptent parmi les pays où les activistes sont non seulement descendus dans la rue pour exiger une action du gouvernement, mais ont également contribué à des plans féministes et à des évaluations budgétaires sensibles au genre dans les discours législatifs et exécutifs.

Aux conséquences économiques de la pandémie subies par les femmes partout dans le monde s’ajoute le lourd fardeau du travail non rémunéré. Même avant la pandémie de COVID-19, les femmes du monde entier effectuaient plus de trois fois plus de dispense de soins et de travaux domestiques non rémunérés que les hommes. Aujourd’hui, l’inégalité accrue du temps passé à s’occuper des enfants, des personnes âgées et d’autres membres de la famille oblige de nombreuses femmes à quitter le marché du travail rémunéré.

Il existe aujourd’hui dans le monde 19,7 millions d’emplois rémunérés de moins pour les femmes qu’avant mars 2020, contre 10,2 millions d’emplois de moins pour les hommes.

Ces revirements calamiteux en matière d’opportunités économiques pour les femmes signifient que 388 millions de femmes vivront dans une extrême pauvreté en 2022, creusant ainsi un écart de pauvreté entre les genres déjà très important.

Les pays doivent faire davantage d’efforts pour reconnaître la valeur du travail domestique effectué par les femmes, en développant notamment une meilleure protection sociale pour les personnes ayant des responsabilités familiales, ce qui servira de pilier à une économie plus intégrée et résiliente.

L’analyse par l’outil de suivi de près de 5 000 mesures démontre que les pays ont tendance à travailler dans le cadre de leurs systèmes et structures existants lorsque les crises frappent. Ce nouveau rapport représente l’occasion idéale de défendre de meilleures protections sociales et sensibles au genre et d’assurer une participation significative des femmes à l’identification de solutions aux défis aigus et chroniques qui ne laissent personne pour compte.