Un nouveau rapport de l’ONUDC et d’ONU Femmes fait état d’un risque accru pour les femmes et les filles d’être tuées chez elles

23 nov 2022

Un nouveau rapport de l’ONUDC et d’ONU Femmes fait état d’un risque accru pour les femmes et les filles d’être tuées chez elles

New York — Une nouvelle étude publiée par ONUDC et ONU Femmes montre qu’en 2021, chaque heure en moyenne plus de cinq femmes ou filles ont été tuées par un membre de leur propre entourage. Ce rapport, qui paraît à l’approche de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes – commémorée le 25 novembre –, est un brutal rappel du fait que la violence à l’égard des femmes et des filles constitue l’une des atteintes les plus fréquentes aux droits de la personne dans le monde.  

Sur l’ensemble des femmes et des filles tuées intentionnellement l’année dernière, environ 56 pour cent l’ont été par un conjoint intime ou un autre membre de leur famille (45 000 sur 81 000), ce qui prouve que le foyer n’est pas même un lieu sûr pour bon nombre d’entre elles. Comparativement, seulement 11 pour cent des homicides contre des hommes sont perpétrés dans la sphère privée.  

Mme Sima Bahous, Directrice exécutive d’ONU Femmes déclare : « Chaque donnée statistique de féminicide n’est que l’histoire d’une femme ou d’une fille que la vie n’a pas favorisée. Mais ces pertes peuvent être évitées – et les outils et les connaissances pour y arriver existent déjà. Les organisations de défense des droits des femmes sont déjà en train d’analyser les données et plaident pour un changement de politique et une plus grande redevabilité. Nous avons dorénavant besoin d’une action concertée impliquant l’ensemble de la société, qui permettra aux femmes et aux jeunes filles de se sentir en sécurité, chez elles, dans la rue et où que ce soit, et de l’être véritablement. » 

Mme Ghada Waly, Directrice exécutive d’ONUDC, affirme pour sa part : « Aucune femme, aucune fille ne devrait craindre pour sa vie parce qu’elle est une femme ou une fille. Pour mettre fin à toutes les formes d’atteinte à la vie des femmes et des filles uniquement pour des raisons de genre, il nous faut dénombrer chaque victime, partout dans le monde, et améliorer la compréhension des risques et des facteurs du féminicide afin de concevoir des réponses plus efficaces de prévention et de justice pénale. Nos deux organisations, ONUDC et ONU Femmes, sont fières de publier l’étude 2022 sur le féminicide, pour galvaniser l’action mondiale et aussi pour saluer les efforts des organisations de défense des droits des femmes dans le monde visant à y mettre fin. » 

Les chiffres de cette année montrent également qu’au cours de la dernière décennie, le nombre total de femmes et des filles tuées intentionnellement, n’a guère changé, soulignant ainsi l’urgence qui s’attache à prévenir ce fléau et à y faire face par des actions plus affirmées. Les chiffres demeurent alarmants, mais le fait est que l’ampleur réelle de ce phénomène est possiblement bien plus grande. Trop de victimes du féminicide ne sont toujours pas recensées, compte tenu notamment des incohérences dans les définitions et les critères appliqués par les pays : pour environ 40 pour cent des femmes et filles intentionnellement tuées en 2021, il n’y a pas assez d’informations pour qualifier ces cas de féminicide, en particulier lorsque les faits se sont produits dans un lieu public.  

Mais des disparités existent aussi au niveau régional : si le féminicide est un problème qui concerne tous les pays du monde, le rapport montre qu’en chiffres absolus, l’Asie a enregistré le plus grand nombre de meurtres liés au sexe dans la sphère privée en 2021, et que les risques que les femmes et les filles soient tuées par leur partenaire intime ou un quelconque autre membre de leur famille étaient plus élevés en Afrique. Cette même année, le taux de crimes liés au genre dans la sphère privée était estimé à 2,5 pour 100 000 femmes en Afrique, contre 1,4 dans les Amériques, 1,2 en Océanie, 0,8 en Asie et 0,6 en Europe. Parallèlement, les observations font apparaître que le début de la pandémie de COVID-19 en 2020 a coïncidé avec une augmentation notable des crimes liés au genre dans la sphère privée en Amérique du Nord et, dans une certaine mesure aussi, en Europe occidentale et méridionale. 

Toutefois, les crimes fondés sur le genre, ainsi que d’autres formes de violence à l’égard des femmes et des filles, ne sont pas inévitables. Ils peuvent et doivent être empêchés et pour ce faire il convient de combiner une série de mesures : identifier le plus tôt possible les femmes victimes de violence ; leur permettre d’accéder à un soutien et à une protection adéquats ; garantir que les forces de l’ordre et la justice répondent mieux à leurs besoins. Il convient également d’axer les efforts sur la prévention de base en s’attaquant aux causes profondes de cette violence, notamment en faisant évoluer les formes de masculinité et les normes sociales néfastes, en gommant les inégalités structurelles entre les sexes et en éliminant les stéréotypes de genre. Il est tout aussi crucial de compiler plus de données sur les féminicides afin d’éclairer l’élaboration de politiques et de programmes visant à prévenir et à éliminer les violences à l’égard des femmes et des filles. 

Le rapport publié aujourd’hui servira de référence tout au long des 16 journées d’activisme contre la violence basée sur le genre : cette campagne globale démarrera le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, et se poursuivra jusqu’au 10 décembre, Journée des droits de l’homme. À l’occasion de cette campagne annuelle « Tous UNiS » du Secrétaire général de l’ONU, une multitude d’événements sont organisés dans le monde en vue d’accélérer les efforts visant à mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles. Autour du thème de cette année « Tous UNiS ! L’activisme pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles ! », un appel est lancé aux gouvernements et aux partenaires pour qu’ils montrent leur solidarité envers les mouvements et les activistes plaidant pour les droits des femmes, et chacun est invité à se joindre à l’élan mondial pour mettre fin, une fois pour toutes, à la violence à l’égard des femmes.