La santé des femmes

Résumé: 

En célébration du 3e Mois de l'histoire des femmes de Montréal, l'accent est mis sur la santé des femmes. Le CDEACF a choisi d'apporter sa contribution par le biais d'un dossier spécial en santé reproductive des femmes au Québec.

DOSSIER SPÉCIAL : 3e MOIS DE L'HISTOIRE DES FEMMES DE MONTRÉAL
LA SANTE REPRODUCTIVE DES FEMMES AU QUEBEC : QUELS ENJEUX?

Sommaire

INTRODUCTION

En célébration du 3e Mois de l'histoire des femmes de Montréal, l'accent est mis sur la santé des femmes. Le Centre de documentation sur l'éducation des adultes et la condition féminine (CDEACF) a choisi d'apporter sa contribution par le biais d'un dossier spécial en santé reproductive des femmes au Québec.

En effet, l’état de santé des femmes partout au monde est très lié à leur cycle de vie. Selon L’organisation Mondiale de la Santé (OMS) ''chaque année, 358 000 femmes et 3,6 millions de nouveau-nés meurent en raison de complications en grande partie évitables au cours de la grossesse, de l’accouchement et de la période postnatale''.

Au Canada en général et au Québec en particulier, la santé reproductive a toujours été au cœur des combats menés par les femmes : le planning des naissances, le droit à l'avortement, les conditions d'allaitement, la périnatalité, la pratique des sages-femmes, la procréation assistée, etc.

Dans ces combats, plusieurs acquis ont été obtenus par les femmes, tel que le planning des naissances et le droit à l'avortement, cependant des obstacles et des défis restent à relever dans ce secteur et les autres qui touchent la santé reproductive aussi bien au Québec que dans le reste du Canada.

LES ÉVOLUTIONS ET LES ACQUIS EN SANTÉ REPRODUCTIVE AU QUEBEC

Selon la Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN), les luttes pour les droits des femmes en matière de santé reproductive datent bien avant les années 70. En effet, en 1869 déjà  ''des milliers de personnes ont enfreint les lois canadiennes adoptées en 1869 et en 1892 qui rendaient illégaux l'avortement ainsi que toute diffusion d'information sur la contraception et la vente de produits contraceptifs et abortifs. Ainsi, l'information liée à la contraception et aux méthodes contraceptives était diffusée à travers un réseau informel. Au Québec, avant l'implication de Rita et Gilles Brault dans l'organisation d'assemblées de cuisine sur le cycle menstruel et la méthode sympto-thermique, c'est surtout le milieu anglophone qui rendait accessible certaines méthodes contraceptives comme la « capote anglaise''.

Les combats des femmes ont permis plusieurs acquis en santé reproductive au Québec et dans le reste du monde : ''soulevons, entre autres, la décriminalisation de l'avortement en 1988 et, plus récemment, l'injection de nouveaux fonds afin de consolider les services d'avortement partout à travers le Québec, l'accès accru à la contraception, une plus grande ouverture face à la sexualité, la reconnaissance internationale des droits reproductifs et sexuels des femmes lors de la conférence du Caire en 1994, la reconnaissance et la légalisation de la pratique sage-femme ainsi que l'instauration de quelques maisons des naissances'' .

Pour plus d'informations voir : http://bv.cdeacf.ca/record.php?record=19237718124910559909

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LES ACQUIS POUR LES NAISSANCES

Au Québec, le mouvement pour l’humanisation des naissances a débuté au cours des années 70. Selon le RNR, ''ce mouvement, fondé sur le féminisme et les approches auto-santé, cherchait à remettre la femme au cœur de l'expérience de la maternité, particulièrement lors de l'accouchement''. Ce mouvement a permis le rétablissement de la pratique sage-femme pour mieux répondre aux besoins des femmes et de leur partenaire. Ainsi le Regroupement Naissance-Renaissance (RNR) a été créé en 1980 dans cette optique par des femmes et des sages-femmes. Depuis plus de 30 ans, le RNR œuvre à la croisée du mouvement périnatal, du mouvement des femmes et du mouvement communautaire.

Ainsi des acquis importants ont été obtenus :

  • La création de chambres de naissance ;
  • La présence du père lors de l’accouchement ;
  • Le développement de l’accompagnement à la naissance ;
  • La légalisation de la pratique sage-femme incluant la loi, l’ordre professionnel autonome, le programme universitaire à l’UQTR et le règlement sur l’accouchement à domicile ;
  • La mobilisation pour un réseau de maisons de naissance sur tout le territoire québécois ;
  • La promotion, la protection et le soutien du droit des femmes de choisir le lieu et la personne qui les accompagnera lors de l’accouchement ;
  • La réintroduction d’une culture d’allaitement au Québec ;
  • La mise en place du Régime québécois d’assurance parentale (RQAP).

Cependant, malgré ces acquis importants plusieurs obstacles restent à franchir pour une meilleure prise en compte des droits des femmes en périnatalité au Québec.

Pour en savoir plus : Maternité et inégalités : réalité indissociable mais occultée , RNR, 2011 : http://bv.cdeacf.ca/CF_PDF/148615.pdf

L'AVORTEMENT

Les grands moments de lutte pour le droit à l'avortement qui ont marqué l'histoire du mouvement des femmes :

  • Avant 1869, aucune loi n'existait sur l'avortement.
  • En 1869, le Parlement canadien adopte la première loi qui criminalise l'avortement. Elle rend passible d'emprisonnement à vie toute personne qui tente de s'avorter ou de procurer un avortement à une femme .
  • En 1892, le parlement canadien criminalise toute diffusion d'information sur la contraception ainsi que l'annonce et la vente de produits contraceptifs.
  • En 1962, selon le Bureau fédéral de la statistique, 57 617 admissions hospitalières sont dues aux  complications liées à un avortement. En 1966, c'est la principale cause d'hospitalisation des femmes au Canada.
  • Le gouvernement fédéral, ne pouvant plus ignorer ce scandale des avortements clandestins, adopte le 14 mai 1969 le projet de loi C-150 (Bill Omnibus). ce projet de loi autorise l'information sur la contraception, la vente de contraceptifs et l'avortement, sous certaines conditions (grossesses risquée sur la santé de la femmes évaluée par 3 médecins).

Malgré ces acquis, les droits des femmes sur l'avortement sont actuellement remis en cause au Canada. D'ailleurs, la FFQ et la FQPN, viennent de publier un communiqué dans ce sens pour mettre en garde contre la réouverture du débat sur la loi sur l'avortement.

Voir le lien suivant pour consulter le communiqué : http://cdeacf.ca/actualite/2011/09/29/avortement-ffq-fqpn-disent-non-reouverture-debat

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LES OBSTACLES DES FEMMES EN SANTE REPRODUCTIVE AU QUEBEC

A l'air du troisième millénaire, plusieurs obstacles restent difficiles à franchir en santé reproductive des femmes au Québec dont le choix des professionnelLEs pour l'accouchement et la pression sociale sur l'allaitement en public. On constate aussi des inégalités sur les conditions de vie de plus en plus importantes entre les femmes en situation de grossesse.


Newborn Baby, Sura Nualpradid

LE CHOIX DES PROFESSIONNELLES POUR L'ACCOUCHEMENT

La Grande métropole de Montréal concentre plus d’un quart des naissances du Québec. Cependant, selon le RNR les disparités de taux d’interventions en 2009-2010 entre les différents centres hospitaliers sur deux des interventions les plus invasives sont préoccupantes : césariennes : 18 % à 30%, épisiotomies (coupure du périnée) : 5% à 25%.

D'aprés le RNR, cette situation est d'autant plus préoccupante que l’OMS a fixé le taux optimal de césariennes entre 5% et 15%. Quand on dépasse 15%, les taux de mortalités maternelle et infantile grimpent. Quant à l’épisiotomie, sa fréquence est d’autant plus troublante qu’elle constitue une pratique nuisible non-basée sur des données probantes.  

Par ailleurs, le choix du professionnelLE pour l'accouchement a un impact important sur le déroulement de la grossesse, de l’accouchement et du postpartum immédiat. Pourtant au Québec, les obstétriciens-gynécologues suivent 58% des femmes, les omnipraticiens 40%, et les sages- femmes un faible taux de 2%. Cependant, un sondage CROP (2010) affirme que 26% des femmes souhaiteraient accoucher à l’extérieur de l’hôpital, option que les sages-femmes sont les seules à offrir. Selon le RNR, un quart des femmes n'auront pas le choix de leur professionnelle et de leur lieu d’accouchement. Sur les listes d’attentes pour une place en maison de naissance, 3 femmes sur 4 reçoivent un refus. Et ce, sans compter les régions où les services sages-femmes sont carrément inexistants.

Selon le RNR, les spécialistes que sont les obstétriciens devraient se concentrer sur les grossesses à risque et les omnipraticiens et les sages-femmes devraient s’occuper des grossesses normales. La situation actuelle est injustifiée à tout point de vue : elle coûte plus cher, elle fait une mauvaise utilisation des ressources humaines, ne répond pas à la demande des femmes et a un impact négatif sur leur santé!

Pour en savoir plus : http://bv.cdeacf.ca/CF_PDF/148615.pdf

Vidéo Journée internationale des sages-femmes - Réaction des différentes parties concernées au Québec

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LA PRESSION SOCIALE SUR L'ALLAITEMENT EN PUBLIC

Plusieurs groupes de femmes au Québec, dénoncent de plus en plus le contrôle sur le corps des femmes durant la grossesse et à l’accouchement. Mais ce contrôle et cette pression sociale sont de plus en plus exercé sur l’allaitement dans un contexte d’hypersexualisation. En effet, le RNR déplore le fait que dans les médias, on voit de plus en plus des femmes allaitant leurs bébés être exclues d’endroits publics ou de magasins. Ces exclusions se justifient seulement sous prétexte d’atteinte à la pudeur. Ainsi le RNR dénonce ces actes : ''voir le geste d’allaiter en public comme un acte vulgaire constitue une distorsion insensée lorsqu’on pense aux publicités sexistes qui abondent sur la place publique. Pourquoi répondre au besoin primaire de nourrir son enfant est davantage dérangeant que toutes ces publicités sexuellement suggestives présentant des femmes pratiquement nues ? Pourquoi se permet-on de dicter aux femmes où et comment elles doivent nourrir leur enfant ? Beaucoup de travail reste à faire pour que la société comprenne que l’allaitement est un geste naturel et que les femmes qui le pratiquent ont besoin de soutien, pas de contraintes et de jugement. ''

Pour en savoir plus : http://bv.cdeacf.ca/CF_PDF/148615.pdf

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LES PERSPECTIVES ET LES DEFIS EN SANTE REPRODUCTIVE

Le regroupement Naissance-Renaissance a mis l'accent sur un certain nombre de recommandations sur les défis et les perspectives en matière de santé reproductive au Québec :

  1. Afin de dresser un portrait québécois de l’état de la situation des droits des femmes en lien avec l’accouchement, une vaste étude longitudinale doit être réalisée sur la perspective des femmes et de leur expérience périnatale.
  2. La mise en place de politiques municipales pour le respect du droit des femmes qui veulent allaiter en public.
  3. Augmenter le respect des droits des femmes par les intervenant-e-s du réseau de la santé , la reconnaissance de l’autonomie des femmes en lien avec la grossesse, l’accouchement et la première année de vie de leur enfant .
  4. Permettre aux femmes de faire un choix informé, aux chercheurs de faire des études basées sur des statistiques récentes détaillées sur les naissances, aux établissements de mesurer avec exactitude leurs efforts vers le soutien à la naissance physiologique et la réduction des interventions, la ministre de condition féminine doit réclamé au MSSS que les taux d’interventions par établissement, par région et pour le Québec soit rendus publics et mis à jour annuellement.
  5. Assurer l'implantation de mesures gouvernementales qui garantissent des conditions de vie décentes pour augmenter l’égalité des femmes enceintes ou qui œuvrent auprès des femmes en période périnatale.
  6. Pour bien mesurer l’évolution de l’accès des femmes aux professionnels de leur choix, des   statistiques des proportions des naissances suivies par les différentEs professionnelLEs – obstétricienNEs,  omnipraticienNEs, sages-femmes doivent être publiées dans le bilan annuel de l'Institut des statistiques du Québec .
  7. Résoudre le problème d’inaccessibilité aux soins et aux professionnelles pour assurer le respect du choix des femmes pour le suivi de grossesse et l’accouchement et pour lutter contre l'incompréhension du rôle des sages femmes.

Pour en savoir plus : http://bv.cdeacf.ca/CF_PDF/148615.pdf

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CONCLUSION

La santé des femmes est un enjeu de société et mérite qu'on y prête plus attention. Malgré les acquis en santé reproductive, beaucoup d’obstacles freinent encore l'épanouissement des femmes dans leur maternité. C'est donc des défis à relever au sein de la société québécoise de manière générale.

Le 3e mois de l'histoire des femmes de Montréal a mis l'accent sur la santé des femmes, nous invitons donc les groupes de femmes, les institutions publiques, les personnes qui ont à cœur cette cause à souligner cette célébration pour une amélioration des conditions de santé des femmes.  

BIBLIOGRAPHIE EN SANTE REPRODUCTIVE

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LIENS UTILES

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