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Si les femmes occidentales d’aujourd’hui sont reconnaissantes pour les luttes qu’ont menées leurs mères
	et leurs grand-mères, force est de constater que très peu d’entre elles se sentent interpellées par le
	mouvement et les idées féministes. Considérant les avancées réalisées par les féministes au cours des
	quarante dernières années en Occident (scolarisation, équité salariale, droit à l’avortement, etc.), le
	discours dominant (et intériorisé) veut que la liberté des femmes et l’égalité entre les femmes et les
	hommes soient déjà atteintes et que le féminisme soit inutile, voire nuisible pour la société. Cette
	conviction nourrit un discours antiféministe qui s’est développé avec la montée du conservatisme et des
	forces religieuses dans les années 1980, documentée par la politologue Diane Lamoureux. Susan Faludi a
	identifié ce mouvement à un véritable ressac (backlash) s’apparentant à « une guerre froide » contre les
	femmes émancipées et les féministes. L’époque est également traversée par un « antiféminisme
	ordinaire », pour reprendre l’expression de la sociologue Francine Descarries, alors que se développe et se
	consolide le « masculinisme ». Selon Christine Bard et Florence Rochefort, il existe une multiplicité des
	formes (humour, discours politiques, littérature, etc.) et de narrations de l’antiféminisme : « c’est la faute
	au féminisme si... », « le féminisme est allé trop loin », « l’égalité est déjà atteinte », « je suis féministe,
	mais... », etc. Les actions antiféministes ont des conséquences diverses pour les femmes, les féministes et
	la société en général : reconduire la naturalité des sexes et des genres, valoriser les valeurs familiales
	traditionnelles, culpabiliser le féminisme en le rendant responsable de nombreux problèmes sociaux et
	miner la légitimité du féminisme. L’antiféminisme est aussi un phénomène qui n’affecte pas les femmes
	de manière homogène selon les catégories sociales spécifiques (orientations et préférences sexuelles,
	origines ethniques, communautés religieuses, etc.) et les régions du monde où il se déploie.
	Face à l’importance du phénomène de l’antiféminisme et des enjeux qu’il soulève, force nous est de
	constater que les connaissances à ce sujet restent encore limitées. L’objectif de ce colloque est de poser
	une série de questions et d’essayer d’y répondre collectivement : qu’est-ce que l’antiféminisme? Quelles
	sont ses différentes formes d’expression? Quels sont les effets de l’antiféminisme? Voici quelques unes
	des questions pouvant servir de pistes de réflexion aux conférencières et conférenciers. Par ailleurs, les
	approches favorisant l’intersectionnalité (genre, sexe, âge, « race », orientation sexuelle, religion, classe,
	etc.) sont les bienvenues. Le colloque se veut interdisciplinaire et encourage la participation de
	chercheures et de chercheurs en études littéraires, en histoire de l’art, en sciences juridiques, en science
	politique, en sciences des religions, en sociologie et dans toutes autres disciplines pertinentes.
