Premier livre, premier film

Premier livre, premier film

2013
Martine Fillion, Atelier des lettres

Résumé: 

Récit d'un projet de réalisation d'un documentaire portant sur la production d'un livre écrit par les membres de l'Atelier des lettres.

« Quand je lis, je me sens bien. C’est vrai ça! », nous livre Michel, dans un grand éclat de rire. L’écran laisse la place au générique. Les noms des participants de l’Atelier des lettres défilent. Lucie Tremblay, productrice de Lowik Media, les invite un à un à prendre place sur scène. Pour la première médiatique de Nou, les écrivins, la salle est bondée. Les participants sont drôlement impressionnés devant ces applaudissements nourris et émus. Les gens du public se lèvent pour rendre hommage à ces « écrivins » qui tiennent admirablement la vedette du documentaire d’Abraham Lifshitz et de Simon Trépanier.

Nous sommes à l’ONF, dans une vraie salle de cinéma, le 29 novembre 2011. Nous venons d’assister à la naissance officielle de ce projet qui prend forme depuis des années. En effet, c’est quatre ans plus tôt que, préoccupés par l’analphabétisme au Québec, les réalisateurs (rebaptisés affectueusement « les filmeux » par les participants) ont franchi la porte de l’Atelier des lettres avec l’idée de faire un film sur l’alphabétisation populaire. Heureux hasard? Au même moment, les participantes et les participants de l’organisme démarraient un projet d’écriture de livre : le récit de leurs vies. Une bien belle trame pour un documentaire. Tout le monde est emballé, même si l’aventure fait un peu peur.

Si tout va bien, dans un an, nous aurons terminé l’écriture et nous aurons un film en prime qui retracera tout le processus de la naissance de ce précieux livre. Tout est planifié… sauf les imprévus! Au même moment, l’organisme voit son budget amputé substantiellement par des coupures au fédéral, ce qui entraîne alors une réorganisation majeure. Le projet d’écriture est au ralenti. Nos réalisateurs doivent s’armer de patience, mais finalement, ce n’est pas plus mal. Le temps qui s’étire permet d’apprivoiser vraiment la caméra. Au départ, la présence des « filmeux » intimidait, mais à la troisième année de tournage, plus personne ne se soucie de leur présence. Simon et Abraham, armés d'une perche et d'une caméra, sont devenus totalement invisibles, et le naturel des participants, lui, est, au rendez-vous.

Tout le groupe s’est engagé dans cette double aventure malgré la zone d’inconnu. Le tout s’est fait pas à pas et avec une confiance grandissante. Les témoignages étaient accueillis et filmés avec respect. Comme cette pratique de témoignage est déjà bien ancrée à l’Atelier des lettres, les principaux intéressés étaient habités par la volonté de parler haut et fort, d’être entendus. Leur moteur? Parler de leur valeur certes, mais aussi démontrer tous les efforts qu’ils fournissent au quotidien. Ils ont des messages à passer. Au bout de quelques mois, le livre et le film ne font plus qu’un. Le film porte le livre. Les participants portent maintenant le film.

Par leurs mots (écrits ou parlés), ils sont habités par le désir de toucher les gens du public en général ainsi que ceux qui éprouvent les mêmes difficultés qu’eux, pour leur donner espoir et leur montrer qu’il est possible non seulement d’apprendre, mais d’apprendre à l’âge adulte. Par-dessus tout, leur moteur : réveiller le gouvernement pour que les choses changent pour eux, pour l’alpha, pour l’éducation, pour l’avenir! 1

1 On peut se procurer le livre De l’enfance à l’espoir et le film Nou, les écrivins à l’Atelier des lettres. Il est par ailleurs possible de visionner le film sur le site de Télé-Québec grâce au lien suivant : http://video.telequebec.tv/nou-les-ecrivins-une-histoire-d-ecrivains%20analphabetes.