L'alphabétisation au Québec
Le terme « analphabète » ne désigne plus seulement une personne qui a des difficultés à lire, à écrire ou à compter, mais un individu pour qui ces faiblesses sont un frein à une intégration totale dans la société, avec ses moyens de communication, ses systèmes complexes, et toutes ses exigences. On utilise également le terme « littératie » pour parler de l'ensemble des compétences qui permettent de comprendre cette société et d'être autonome dans les situations quotidiennes.
Les personnes analphabètes peuvent éprouver des difficultés à trouver un emploi, à évoluer dans une carrière, à aider leurs enfants dans leurs apprentissages scolaires, ou encore à se soigner.
Prendre la mesure de l'alphabétisation : les enquêtes internationales
Depuis plusieurs années les compétences en littératie des adultes sont évaluées au niveau international lors de grandes enquêtes, selon des critères et des tests très précis, qui permettent de faire un portrait global du niveau de littératie d'un pays et de suivre les résultats des politiques d'alphabétisation. Les niveaux de compétences sont classés de 1 (très faible) à 5 (très élevé), le niveau 3 étant considéré un seuil à partir duquel les adultes ont des compétences suffisantes au regard des exigences de la société.
Les résultats québécois de l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA) de 2003 indiquent que le niveau général des Québécois a légèrement augmenté, avec moins de personnes de très faible niveau, pour davantage de lecteurs fonctionnels.
Une partie de ce progrès peut s'expliquer par le fait que le nombre de personnes qui font partie des générations peu scolarisées a baissé et chez les jeunes, l'apprentissage est récent. De plus, la proportion de jeunes dont les parents sont peu scolarisés diminue avec le temps.
Il reste cependant 22% de la population québécoise de plus de 16 ans qui se classe au niveau 1 en compréhension de textes.
Depuis 1994, date de la première enquête, les pourcentages de réussites comparés entre anglophones et francophones du Québec sont inchangés : ces derniers sont plus nombreux à ne pas atteindre le niveau 3. Il faut rappeler que les anglophones sont en moyenne plus nombreux à terminer leur scolarité et à obtenir un diplôme de l'enseignement supérieur. Les résultats de réussite entre francophones et anglophones deviennent similaires à niveau de scolarité égal.
Les causes de l'analphabétisme au Québec
Plusieurs facteurs peuvent expliquer les difficultés d'un individu à comprendre les informations qu'il reçoit. Tous les problèmes familiaux, scolaires, sociaux en général, peuvent avoir une influence à plus ou moins long terme sur les compétences en littératie. Il faut aussi compter les déficiences intellectuelles ou physiques, qui peuvent empêcher de mener une scolarité suffisante.
Au-delà de ces problèmes, les enquêtes indiquent qu'une très faible scolarisation est une des causes les plus directes de l'analphabétisme. Les personnes qui cumulent moins de neuf années d'école ainsi que les jeunes qui décrochent de l'école avant la fin de leurs études secondaires sont ou risquent de devenir analphabètes. C'est le maintien dans un environnement stimulant, où l'on doit lire, compter, utiliser un ordinateur, etc. qui garantirait de meilleures compétences chez les adultes.
Ainsi, par exemple, les enfants qui n'ont pas accès pour des raisons économiques à des ressources comme le séjour en garderie - où la socialisation et l'initiation à la lecture sont de bonnes préparations à l'alphabétisation - peuvent développer de sérieux problèmes d'apprentissage au cours de leurs études.
Les conséquences de l'analphabétisme
Pour les adultes analphabètes, il est plus difficile de trouver un travail permanent ; ils occupent souvent des emplois faiblement rémunérés, et l'analphabétisme les empêche souvent de trouver d'autres opportunités de travail, qui leur demanderaient de s'adapter à d'autres contextes, des environnements informatiques, ... .
En plus de cette difficulté à évoluer dans la vie économique, ces personnes participent peu à la vie citoyenne et démocratique : s'impliquer, connaître la vie politique et voter, tout cela nécessite, la plupart du temps, de savoir lire et écrire.
Des solutions pour enrayer l'analphabétisme
On l'a vu, le niveau de scolarité et la proximité dans le temps des études sont des facteurs très positifs de bonnes compétences en littératie. Comme toutes les actions menées en alphabétisation, le raccrochage scolaire a de bons résultats chez les adultes de moins de 25 ans, grâce aux organismes d'alphabétisation qui oeuvrent dans tout le Québec.
Les commissions scolaires, les groupes populaires, les centres d'éducation aux adultes et tous les acteurs de l'alphabétisation continuent de faire leurs preuves, mais le nombre de personnes qui ont besoin d'une formation de base ne cesse d'augmenter.
Cette constatation doit encourager les décideurs politiques à favoriser le développement de l'éducation tout au long de la vie, que ce soit en facilitant le retour aux études scolaires ou la formation continue des adultes en situation professionnelle. Ces constats soulèvent également d'autres questions, comme l'intégration linguistique des immigrants, le niveau de plus en plus élevé qui doit être maîtrisé pour fonctionner dans la société, dite de l'information, mais qui avance en laissant de nombreuses personnes de côté, sans considération d'égalité ou d'équité...
La prévention du décrochage scolaire et le maintien dans des systèmes de formation ont déjà montré des résultats positifs. Il s'agit désormais d'étendre ces pratiques, d'inventer de nouveaux moyens d'intervention, de diversifier les lieux de formation et les outils pédagogiques, et aussi de communiquer sur l'analphabétisme. Ne serait-ce que pour attirer en formation les 468 000 mille Québécois qui n'ont pas complété neuf années d'études.
Pour en savoir plus sur la situation de l'alphabétisation au Québec
Consultez « L'alphabétisation au Québec - Rapport provincial déposé à la Conférence provinciale et territoriale en alphabétisation »
Consultez l'ensemble des rapports et recherches reliés aux grandes enquêtes internationales : l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes de 2003 (EIACA) et l'Enquête internationale sur l'alphabétisation des adultes (EIAA).