L'insertion en emploi, une réelle priorité ? La lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale n'a jamais ou si peu été à l'ordre du jour de la présente campagne électorale

L'insertion en emploi, une réelle priorité ? La lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale n'a jamais ou si peu été à l'ordre du jour de la présente campagne électorale

MONTREAL, le 21 mars /CNW Telbec/ - La Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d'oeuvre (COCDMO) est très préoccupée de constater que la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale n'a jamais ou si peu été à l'ordre du jour de la présente campagne électorale. A preuve, aucun des chefs n'a même prononcé le mot pauvreté lors du dernier débat. Qui plus est, la question de l'emploi a également été très peu à l'honneur si ce n'est pour annoncer plutôt timidement que des solutions devront être trouvées afin de contrer les pénuries de main-d'oeuvre spécialisées. Dans les faits, les seuls engagements chiffrés sont ceux de l'Action démocratique du Québec (ADQ) qui prétendent pouvoir intégrer 25 000 assistés sociaux sur le marché de travail en neuf mois. Pour ce faire, au regard des économies prévues (175 millions) on investit que très peu (20 millions) dans la formation, l'accompagnement ou l'aide à l'emploi : ainsi, pour l'essentiel, on a déjà prévu d'autres dépenses pour les montants épargnés sans qu'une personne ne soit déjà à l'emploi! D'entrée de jeu, une telle prévision nous apparaît irréaliste, voire inquiétante. Elle fait fi de la complexité du défi de l'intégration des personnes éloignées du marché de travail. Souvent sans formation, sans expérience de travail, vivant des difficultés liées à une multitude de problèmes sociaux, ces personnes ne peuvent pas toujours, du jour au lendemain, atteindre les niveaux de productivité que les employeurs exigent. Le défi est donc double, car il faut identifier les entreprises prêtes à investir dans l'intégration et la formation de ces personnes; tout en créant des conditions facilitantes pour permettre aux personnes éloignées du marché de travail de réussir leur intégration à l'emploi et ensuite récolter un retour significatif sur cet investissement. En somme, il n'y a pas de solutions simples, mais il y a des solutions. L'approche doit être plus globale. L'insertion en emploi des personnes éloignées ou exclues du marché du travail fait partie de ces solutions, mais ceci ne se fera pas sans moyens. Le Comité consultatif de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale abondait d'ailleurs en ce sens en suggérant récemment à la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale d'augmenter les investissements dans l'aide à l'emploi. Certes, le taux d'emploi atteint aujourd'hui des niveaux élevés et le taux de chômage est faible. Toutefois, en février 2007, seules trois provinces canadiennes affichaient un taux d'emploi inférieur au Québec et le constat est le même en ce qui concerne le taux de chômage qui, toujours au même moment, plaçait le Québec au troisième rang des provinces ayant le taux de chômage le plus élevé. Ainsi, même si la situation s'est quelque peu améliorée dans les dernières années, il reste encore beaucoup à faire en matière d'intégration en emploi des personnes plus éloignées du marché du travail. A cet égard, en partenariat et en complémentarité avec le gouvernement, les entreprises et les syndicats, les organismes communautaires oeuvrant entre autres dans les secteurs de l'employabilité, de la formation et de l'économie sociale constituent des acteurs de premier plan et sont des plus préoccupés par l'amélioration de l'adéquation entre la demande et l'offre d'emplois. Intervenant quotidiennement auprès des personnes laissées pour compte, sans égard au fait que celles-ci soient déclarées aptes au travail ou comme ayant des contraintes à l'emploi, les groupes communautaires ont conçu des programmes de formation et des outils de développement de la main-d'oeuvre spécifiquement adaptés en vue de supporter et d'accompagner ces personnes vers le marché de l'emploi et d'assurer également leur maintien en emploi. Ce faisant, ils s'impliquent activement dans la lutte contre la pauvreté et l'exclusion et offrent une partie de la solution aux pénuries actuelles et appréhendées de main-d'oeuvre. Enfin, rappelons que des récentes données de la Fédération canadienne des entreprises Indépendantes (FCEI) révèlent que 32 000 postes sont demeurés vacants pendant au moins quatre mois en 2006. Pour la moitié des entreprises interrogées, la pénurie de main-d'oeuvre touchait surtout des emplois n'exigeant qu'un diplôme de niveau secondaire ou moins. Le Québec a-t-il encore les moyens de se priver d'un capital humain qui regorge de talents et de compétences, pourvu qu'on lui accorde l'attention et le soutien nécessaires à sa pleine contribution sociale? Comme le souligne Sylvie Roy, présidente de la Coalition, il importe maintenant et plus que jamais de ramener et de maintenir ces questions au coeur des stratégies politiques, de sortir des sentiers battus pour répondre adéquatement aux enjeux actuels et à ceux qui risquent de nous surprendre par leur ampleur... A propos de la Coalition La Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d'oeuvre (COCDMO) est reconnue comme mandataire du milieu communautaire depuis 1992. La Coalition est constituée d'une quinzaine de groupes et de réseaux nationaux et représente quelque 600 organismes au Québec. Les membres de la Coalition oeuvrent au développement communautaire en matière d'éducation et de formation, d'insertion et de réinsertion en emploi, de développement local et communautaire et de promotion et de défense des droits des personnes exclues ou éloignées du marché du travail. La Coalition siège à la Commission des partenaires du marché du travail et prend part activement aux débats entourant le développement de la main-d'oeuvre au Québec. http://www.cnw.ca/fr/releases/archive/March2007/21/c5162.html -------- Source : Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d'oeuvre (COCDMO), www.cocdmo.qc.ca