Lettre ouverte : Exploitées, les femmes immigrantes et racisées exigent le respect de leurs droits
À l’occasion de la Journée internationale contre le racisme, le comité des femmes des communautés culturelles de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) revendique que soit pleinement respecté le droit des femmes immigrantes et racisées à un travail digne et décent, pour qu’elles cessent de vivre à l’intersection des discriminations
Le 2 mars dernier, la FFQ organisait une session de travail intitulée Le racisme et l’emploi au féminin. Le but de cette séance était, non seulement de réfléchir sur la question de la difficulté des femmes immigrantes et racisées à intégrer le marché du travail québécois, mais surtout, de trouver des pistes de solutions pour les aider à surmonter cette situation.
Au cours de la journée, des femmes immigrantes et racisées sont venues témoigner de leur situation d’emploi. Il en a ressorti qu’un grand nombre d’entre elles vivent encore de la discrimination directe et indirecte au niveau de l’embauche, du harcèlement au travail et de l’exclusion aux postes décisionnels. Les cas particuliers des travailleuses migrantes agricoles et des aides familiales témoignent du fait que nombreuses d’entre elles souffrent non seulement d’isolement, mais sont également privées de leurs droits et de leurs recours. L’imposition de « syndicats de boutiques » (mis en place par l’employeur), la non-reconnaissance des diplômes obtenus à l’étranger, l’absence de politique de conciliation travail-famille et la recherche de main d’oeuvre « bon marché » à tout prix, sont autant de facteurs qui renforcent la marginalisation et la vulnérabilité des femmes immigrantes et racisées quant à leurs droits ; elles qui sont déjà marginalisées par la langue et des facteurs sociaux et économiques.
Le Canada a reconnu que le droit au travail est un droit inaliénable pour tous les êtres humains lors de la signature de la
Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Le Canada est également un des signataires de la
Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, qui l’oblige à respecter les « droits au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail, à la protection contre le chômage, à un salaire égal pour un travail égal, à une rémunération équitable et satisfaisante ».
À la lumière de ces faits, nous, les femmes des communautés culturelles et racisées, exigeons non seulement des emplois, mais de bons emplois, à la hauteur de nos compétences, que nous pourrons exercer dans des conditions décentes. Nous réclamons des gouvernements canadien, québécois et les municipalités qu’ils fassent en sorte que soient respectés les programmes d’accès à l’égalité en emploi. En ce qui a trait aux permis temporaires de travail, le gouvernement fédéral doit abolir les conditions qui contribuent à la situation de précarité et de vulnérabilité des femmes racisées, sujettes à l’exploitation. Également, nous réclamons du gouvernement du Québec qu’il veille, non seulement à l’application des normes minimales du travail, mais qu’il bonifie certaines d’entre elles afin de permettre aux femmes de sortir de la pauvreté. Nous pensons, entre autres, à l’augmentation du salaire minimum à 10,66 $ de l’heure afin qu’une personne seule qui travaille 40 heures par semaine dépasse le seuil de faible revenu étable par Statistique Canada. Finalement, en solidarité avec les femmes des Premières Nations, qui sont-elles aussi victimes de racisme, nous appuyons leurs démarches et revendications qui favorisent l’avancement de leur autonomie économique.
La Fédération des femmes du Québec poursuivra la réalisation d’activités et d’actions sur la question du respect du droit au travail des femmes des communautés culturelles et des femmes racisées. Nous lançons le défi, aux gouvernements du Québec et du Canada, à poser eux aussi des gestes concrets.
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Le Comité des femmes des communautés culturelles de la
Fédération des femmes du Québec