Women2drive / Ce vendredi, les Saoudiennes risquent le pire au volant
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Par Anne Demoulin, publié le 17/06/2011 à 08:10
Des Saoudiennes se battent pour le droit de conduire. Elles comptent sur le soutien de toutes les conductrices via les réseaux sociaux.
On ne naît pas conductrice, on le devient! "Conduire une voiture est plus qu'un droit, c'est une nécessité", revendiquent les militantes du mouvement Women2Drive. Ces Saoudiennes ont appelé, via les réseaux sociaux, les femmes à prendre le volant ce vendredi. Elles braveront l'interdiction de conduire en Arabie Saoudite, au risque de se faire arrêter. Sur Facebook et Twitter, la campagne Women2Drive compte sur le soutien des conductrices du monde entier.
"Il ne m'est jamais venu à l'idée qu'une si petite action spontannée puisse tout changer", s'étonne Manar Al-Sharif sur son compte Twitter. Le 20 mai, cette mère de 32 ans, consultante en informatique, poste sur Youtube une vidéo. Elle y conduit une voiture à Khobar. Ras-le-bol de dépendre du bon-vouloir des hommes pour se déplacer. Pas assez d'argent pour engager un chauffeur personnel comme le font les riches Saoudiennes. La coupe est pleine.
Manar Al-Sharif, la Rosa Parks d'Arabie Saoudite est arrêtée au volant le 21 mai. Elle passe quelques heures au poste de police. Elle est à nouveau arrêtée le 22 mai: "On passe de l'oppression à la folie! L'arracher de sa maison au milieu de la nuit? Pourquoi la traitent-ils comme une terroriste?", déplore @H_eba, une Saoudienne sur Twitter.
Ce vendredi, les Saoudiennes risquent le pire au volant
Droit des Saoudiennes pour conduire elles-mêmes ( Facebook)
Mobilisation sur les réseaux sociaux et naissance du mouvement Women2drive. La vidéo postée sur Youtube par la jeune informaticienne est visionnée près de 500 000 fois. (La vidéo a été retirée avant de réapparaître). Une pétition, qui a rassemblé 3345 signataires, est adressée au roi Abdallah. Manal Al-Sharif est libérée sous caution le 30 mai.
"Faire peur et intimider nos parents"
La contre-offensive s'organise sur le Web. Les hommes sont enjoints à "fouetter" les femmes qui oseront conduire. L'iqal, ce cordon dur qui retient le couvre-chef des hommes d'Arabie saoudite, fera l'affaire. "Ils veulent nous faire peur et intimider nos parents, mais ils sont en train de créer un million d'autres Manal", s'insurge @khulouds, une autre Saoudienne.
Ce combat ne date pas d'hier. En 1990, un groupe d'une quarantaine de femmes avait pris le volant à Riyad. Toutes avaient été arrêtées par la suite. Les militantes de Women2Drive appellent, quant à elles, à des actions individuelles.
Ce vendredi, les Saoudiennes risquent le pire au volant
Les Saoudiennes ne veulent plus dépendre des hommes, des chauffeurs ou des taxis.
Droit des Saoudiennes pour conduire elles-mêmes(Facebook)
Et aussi à la plus grande prudence. Elles ont rédigé une sorte de mini-guide afin que la journée du 17 juin se déroule sans incidents. Les organisateurs recommandent aux femmes de "porter le voile islamique", de conduire de préférence "dans les centres-villes" et d'être accompagnées par des hommes pour "les protéger". Il leur est conseillé également de mettre dans leur voiture "un drapeau de l'Arabie Saoudite et de coller une photo du roi". Elles seront munis d'un smartphone, pour diffuser photos et vidéos sur la Toile.
Changez votre profil sur Facebook
Cette rebellion féministe table en effet sur les réseaux sociaux. Et le buzz fonctionne! Les groupes de soutien aux Saoudiennes se multiplient: Woman Behind The Wheel (Femmes au volant) ou encore Women Drivers Supporting Manal Al-Sharif (Les conductrices soutiennent Manal Al-Sharif). Ce dernier exhorte les "Femmes du monde entier" à envoyer une photo d'elles-mêmes au volant à l'ambassade d'Arabie Saoudite.
Les militantes de Women2Drive espèrent aussi que le mot clé ou hashtag #Women2Drive soit le plus utilisé ce jour-là sur Twitter. Elles suggèrent enfin, le 17 juin, de changer votre photo habituelle sur Facebook pour celle d'une femme au volant.
Le mouvement Women2Drive ne s'arrêtera que lorsqu'un décret royal autorisera la conduite aux femmes. Les Saoudiennes n'ont ni le droit de voyager sans l'autorisation d'un tuteur, ni le droit de voter. Elles sont placées en position d'infériorité en cas de divorce ou d'héritage. Sur le profil de @khulouds, on peut lire: "Nous devons lutter pour nos droits." La révolution féminine est en route.
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