Publication de la Banque mondiale sur l'égalité entre les femmes et les hommes

Publication de la Banque mondiale sur l'égalité entre les femmes et les hommes


La Banque mondiale fait de l'égalité entre hommes et femmes une priorité. Cette annonce accompagne son dernier rapport sur le développement, qui souligne les progrès mais aussi les disparités de genre qui subsistent en terme de salaires, d'accès à l'emploi et de santé, dans les pays en développement.

À l'avenir, la Banque mondiale « intégrera systématiquement les questions d’égalité des genres dans ses activités », assure son président Robert B. Zoellick. Il s'exprimait ainsi à l'occasion de la publication du « Rapport sur le développement » 2012 de l'institution, consacré à l'égalité des genres et publié dimanche 18 septembre.

« Empêcher les femmes et les filles d'acquérir les compétences et de générer les revenus nécessaires pour réussir dans une économie mondialisée est non seulement injustifiable mais aussi préjudiciable sur le plan économique » note Justin Yifu Lin, économiste en chef de la Banque mondiale. « Les pays qui améliorent les opportunités et la situation des femmes et des filles peuvent accroître leur productivité, améliorer les conditions de vie de leurs enfants, rendre leurs institutions plus représentatives et renforcer les perspectives de développement pour tous », explique le rapport.

L'argument économique comme élément de plaidoyer pour l'égalité, ce n'est pas nouveau. La directrice d'ONU-Femmes, Michelle Bachelet, indiquait en mars à Paris qu'il lui fallait l'employer, au nom du réalisme. Car « les personnes qui prennent les décisions ne le font pas souvent à la lumière des droits de l'Homme. »

Des progrès dans l'accès à l'école et l'emploi

Le rapport contient plusieurs constats positifs. Au cours des 25 dernières années, les disparités entre hommes et femmes dans les pays en développement se sont réduites « dans une mesure appréciable », dans plusieurs domaines.

Dans celui de l'éducation, les experts constatent que « les écarts entre les garçons et les filles dans l'enseignement primaire se sont résorbés dans presque tous les pays. » Et dans le secondaire, ces écarts « diminuent rapidement ». Dans 45 pays en développement, les filles sont même désormais plus nombreuses que les garçons à poursuivre des études secondaires, et elles sont plus nombreuses à l'université dans 60 pays.

Les progrès se mesurent également en terme d'accès à l'emploi : « Dans de nombreuses régions du monde, les disparités entre les taux d'activité des hommes et des femmes ont diminué, plus d'un demi-milliard de femmes étant entrées dans la population active au cours des 30 dernières années. »

Contrairement à ce qu'à lu l'AFP - et qui a été repris un peu partout dans la presse ce lundi – le rapport indique que le taux d'activité des femmes a progressé de 50 % à 52 % entre 1980 et 2009, tandis que celui des hommes baissait de 82 % à 78 %.

« Les femmes supportent une part disproportionnée des responsabilités domestiques et familiales »

Tout n'est pas rose pour autant. Les experts de la Banque Mondiale constatent la persistance de nombreuses disparités. Chez les plus défavorisés, les taux de scolarisation des filles restent faibles. Disparités également au niveau des écarts entre les revenus des hommes et des femmes, qui « restent profondément enracinés et perdurent dans la majeure partie du monde ».

Des emplois moins rémunérés, et de moins bonne qualité. Le rapport explique ainsi que « les agricultrices exploitent habituellement des parcelles de taille plus réduite et pratiquent des cultures moins rentables que les hommes. Les femmes entrepreneurs ont des entreprises plus petites et opèrent dans des secteurs moins rentables. »

C'est en bonne partie la conséquences des « différences marquées » qui persistent entre « l'influence qu'ont les hommes et les femmes au sein du ménage et dans la société ». Le document souligne ainsi que « les femmes supportent une part disproportionnée des responsabilités domestiques et familiales ». Elles ont dès lors « plus de chances de préférer la flexibilité du travail et d'offrir moins d'heures de travail rémunérées en moyenne que les hommes, ce qui leur fait courir le risque d'être dirigées vers des emplois de plus basse qualité ».

Un déficit de 3,9 millions de femmes

Ce qui inquiète surtout la Banque mondiale, « la disparité la plus criante », c'est la mortalité qui frappe les femmes et les filles bien plus que les hommes dans les pays en développement. « Le surcroît de mortalité féminine après la naissance et le "déficit" de filles à la naissance est estimé chaque année à 3,9 millions de femmes. » Et le rapport de détailler les causes de ce déficit : « Environ deux cinquièmes de ces femmes ne sont jamais nées en raison de la préférence pour les garçons (l'ONU s'inquiétait en juin de cette « sélection prénatale », NDLR), un sixième décèdent durant leur petite enfance et plus d’un tiers meurent durant leurs années reproductives. » Pour une femme qui meurt en couches en Suède, elles sont 495 au Nigéria, 815 en Somalie, et 1 000 en Afghanistan.

 

Pour aller plus loin :

Le rapport en intégralité (en anglais)

 Sa synthèse en français