L’état actuel du budget de la famille canadienne : rapport 2011-2012

L’état actuel du budget de la famille canadienne : rapport 2011-2012

Source: 

Institut Vanier de la Famille

Avant-propos

« Parmi les faits marquants qui jalonneront 2012, un événement particulier promet de transformer le tissu social et économique de notre pays : pour la toute première fois, des baby-boomers canadiens célébrerons leur 65e anniversaire de naissance. Célèbre pour son slogan « Ne faites confiance à personne de plus de 30 ans », les membres de cette cohorte grisonnante s’installent désormais dans le fauteuil des aînés, en redéfinissant du même coup le concept de la retraite. Du reste, même si ceux et celles qui souffleront cette année leurs soixante-cinq bougies ne représentent qu’un prélude à cette vague générationnelle, il convient néanmoins de leur prêter toute l’attention voulue puisqu’ils permettent d’entrevoir ce que l’avenir nous réserve. Et s’il ne fallait retenir qu’une seule chose de la particularité des baby-boomers parmi les générations successives, ce serait la marque indélébile qu’ils ont laissée partout sur leur passage.

Les produits alimentaires pour bébés Gerber constituent sans doute l’un des exemples les plus emblématiques de cette influence. De 1948 à 1950, à l’aube du baby-boom, les ventes de Gerber ont doublé en raison de la demande engendrée par cette génération très populeuse. Plus tard, délaissant progressivement les jupes de leurs mères, les baby-boomers ont exercé une pression constante sur les systèmes d’éducation et de loisirs, lesquels ont dû s’ajuster à l’envergure de cette cohorte et à ses besoins particuliers. À l’image d’une véritable vague déferlante, ils ont ensuite inondé le marché de l’emploi (en suscitant un contrôle des salaires et des prix au début des années 70), avant de redéfinir les marchés immobiliers, monétaires et boursiers bien au-delà du tournant du XXIe siècle.

Les voilà maintenant à la porte de la retraite, et on ne connaît pas encore pleinement quelles en seront les incidences sur la population canadienne en général et sur la pluralité des familles canadiennes en particulier. De fait, la perspective ne s’acquiert qu’au fil de l’expérience. Néanmoins, on peut quand même chercher un sens à donner aux tendances et aux conjonctures socioéconomiques d’hier et d’aujourd’hui. Ce faisant, on constate qu’à l’instar des baby-boomers, le pays tout entier a vieilli lui aussi. Ainsi, lors de la fondation de l’Institut Vanier en 1965, l’âge moyen au pays se situait sous la barre des 30 ans. Lorsque l’Institut fêtera son 50e anniversaire en 2015, l’âge moyen de la population sera d’environ 40 ans.

Les marchés financiers ont vivement ressenti les incidences du vieillissement de la population canadienne puisque les baby-boomers ont cherché massivement à y mettre à l’abri leurs fonds de retraite. Il y a de cela quelques années, on leur a fait miroiter cette promesse de « liberté » dès l’âge de 55 ans. Même si plusieurs campagnes publicitaires ont voulu miser sur la retraite précoce, il n’en demeure pas moins que peu de Canadiens pourront effectivement se permettre de prendre leur retraite dans la soixantaine (et encore moins dans la cinquantaine).

De fait, les baby-boomers remettent maintenant en cause le concept même de la retraite, et choisissent de travailler selon des horaires et des conditions redéfinies. Ainsi, certains laissent leur emploi à plein temps pour « la retraite » pour ensuite mieux reprendre le collier à titre d’employés contractuels, de mentors ou d’experts-conseils. D’autres décrochent un emploi (à plein temps ou à temps partiel) dans un domaine connexe, ou encore dans un nouveau secteur ou au sein d’une nouvelle collectivité. Certains choisissent plutôt de devenir travailleurs autonomes. Enfin, bon nombre de ceux et celles qui délaissent le travail rémunéré mettent plutôt à contribution leurs compétences, leur talent et leur expertise dans les sphères du bénévolat.

Bref, nos perspectives d’avenir et notre planification devront nécessairement tenir compte du fait que les baby-boomers ont une tendance bien ancrée à bousculer les acquis. Il faudra également garder à l’esprit que, comparativement aux générations précédentes, ceux-ci ont manifesté une tendance « tardive » tout au long de leur vie. En effet, ils ont fait des études sur le tard, ils ont hésité à quitter le nid parental, ils n’ont fait le saut que tardivement sur marché du travail, ils ont attendu avant d’avoir des enfants et avant d’épargner... À vrai dire, on peut douter que les baby-boomers envisagent ou souhaitent une retraite précoce.

Par ailleurs, le style propre aux baby-boomers les a poussés à prendre des décisions qui ont eu un impact sur le marché de l’habitation. Au cours de la dernière décennie, la prépondérance du marché immobilier à l’échelle nationale s’est affirmée comme jamais auparavant. Peu enclins à perpétuer l’approche plus pragmatique de leurs parents en matière de logement, les baby-boomers ont conjugué leur désir d’enrichissement avec la faiblesse record des taux d’intérêt pour éventuellement contribuer, en fin de compte, à l’apparition d’un marché de l’habitation en surchauffe sur lequel ils voudraient compter pour s’offrir un toit pendant leurs vieux jours.

Comme l’affirmait Leonard Steinhorn dans son livre The Greater Generation, les baby-boomers ont considérablement transformé le tissu social nord-américain. Cette génération qui souhaitait bousculer le statu quo – et qui avait l’envergure pour y parvenir – a modifié notre perception du monde et a su laisser son empreinte quant aux droits des minorités, aux droits en matière de sexualité et d’égalité des sexes, et en ce qui touche aux valeurs sociales libérales. Les pays se transforment au fur et à mesure du vieillissement de leur population et nous sommes témoins de la mouvance des réalités et des mentalités à mesure que nous vieillissons collectivement.

Dans cette treizième édition annuelle de L’état actuel du budget de la famille canadienne, il nous est donné de constater les incidences du choix des baby-boomers de travailler pendant une bonne partie de la soixantaine, voire au-delà de 70 ans, et du prix à payer qui semble être le lot de leurs enfants, lesquels sont aux prises avec la rareté des emplois de premier échelon au sein d’une économie encore hésitante au sortir de la récession. Nous nous intéresserons aux fluctuations qui affectent les revenus et la répartition de ceux-ci, ainsi qu’à la tendance globale des prix à la hausse.

Nous nous pencherons encore une fois sur l’endettement toujours plus marqué, sur le recul de l’épargne et sur le déclin de l’avoir net des familles. Enfin, nous verrons les moyens de contrer les plus imposants défis sociaux et économiques auxquels recourent les Canadiens les plus vulnérables, c’est-à-dire les personnes à faible revenu, les familles monoparentales, les couples à revenu unique ayant des enfants et les personnes seules (aînés ou non). »

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