La formation à l’épreuve de la « société du risque »

La formation à l’épreuve de la « société du risque »

Un article de Sylvie Monchatre de la revue Formation Emploi, janvier-mars 2012

Qu’avons-nous fait de notre idéal ? L’ouvrage que Colette Bernier, professeure associée au département de relations industrielles de l’université Laval de Québec, consacre aux politiques québécoises de formation continue, pourrait presque être résumé en ces termes.
 
L’auteur pose en effet, sans complaisance, un regard à la fois lucide et bienveillant sur le système de formation qu’ont construit les acteurs de son pays – et qu’elle connaît bien pour les étudier et côtoyer de longue date. Cette proximité de fait n’empêche pas la distance critique et constructive. C’est ce qui fait tout l’intérêt de cet ouvrage qui, s’il s’adresse à un public québécois – comme en atteste l’usage récurrent du « nous » – invite plus largement à un retour réflexif sur les projets d’éducation et de formation qui ont été au cœur de l’édification des sociétés modernes, mais se trouvent aujourd’hui malmenés par l’ordre néolibéral dominant.
 
L’ouvrage permet notamment d’interroger les usages de la formation continue dans un contexte de chômage massif et de précarisation des conditions d’emploi. À partir du moment où la formation est considérée comme la solution idéale au problème de l’emploi, le risque de la voir instrumentalisée à des fins de mise au travail sous contrainte grandit en même temps que la perspective d’en faire un levier de promotion sociale et professionnelle s’amenuise. À ce titre, si les politiques de formation continue visent à améliorer l’employabilité des individus, elles ne sauraient occulter la question de la qualité des emplois visés, sous peine de disqualifier leur mission.
 
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