Vivre en couple chacun chez soi
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Introduction
Au Canada, comme ailleurs dans le monde, les statistiques sur la famille classifient généralement les adultes qui sont dans une relation de couple comme étant des personnes mariées ou en union libre vivant ensemble. Toutefois, les autres personnes ne sont pas toutes « célibataires » pour autant. En effet, une part non négligeable d’entre elles entretiennent une relation de couple stable, sans toutefois partager le même logement. Ce sont les personnes en couple vivant chacun chez soi (VCCS).
Les sociologues et les démographes s’intéressent de plus en plus à ce genre d’unions sans cohabitation, autant en ce qui a trait à leur signification du point de vue de l’évolution des relations de couple que des valeurs sociales qui leur sont sous-jacentes. C’est aussi le cas d’organismes qui identifient diverses tendances sociales et démographiques pertinentes pour les politiques publiques.
Dans quelle mesure doit-on se préoccuper de ce type d’union? En effet, si les unions non cohabitantes sont principalement concentrées chez jeunes adultes et qu’elles se transforment la plupart du temps en cohabitation (mariage ou union libre) ou en séparation, les conséquences sociales et démographiques liées aux couples VCCS sont peut-être relativement limitées.
Si, par contre, la durée et la fréquence de telles unions devaient être à la hausse, diverses conséquences pourraient en découler. Parmi celles-ci, on peut penser aux impacts possibles sur le marché du logement ou sur la fécondité. Chez les personnes âgées, le fait de cohabiter ou non pourrait avoir des conséquences sur les soins fournis par les proches en cas de problème de santé. De plus, une hausse des couples VCCS pourrait apporter une perspective différente vis-à-vis certaines réalités légales et financières, car ils ne sont pas liés par les lois familiales actuelles.
Au Canada, la seule source de données permettant de réaliser un profil des couples VCCS est l’Enquête sociale générale (ESG) sur la famille de 2011 et de 2001 (voir Sources de données, méthodes et définitions). Les cycles sur la famille de l’ESG comprennent plusieurs questions détaillées sur une foule de renseignements matrimoniaux, qu’il s’agisse du statut matrimonial actuel, de l’historique des relations de couple, ou même des intentions de fertilité. Elle définit les personnes en couple VCCS comme étant celles qui n’étaient ni mariées ni en union libre, mais qui avaient une « relation amoureuse stable » avec quelqu’un « vivant dans un autre domicile » au moment de l’enquête.
La première partie de cet article sera consacrée à un profil des couples VCCS, ainsi qu’à leur évolution au cours de la dernière décennie. La deuxième consacrée au degré de stabilité des couples VCCS, en fonction de l’étape de vie des répondants. Autrement dit, les couples VCCS mènent-ils généralement à la cohabitation? S’agit-il, pour certains, d’un choix qui reflète une réelle préférence pour une vie de couple sans cohabitation?