France - Le Conseil national de la formation professionnelle tout au long de la vie rend ses propositions d’orientations stratégiques pour la prévention et la lutte contre l’illettrisme
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Introduction
« Ce n’est pas parce que cela ne se voit pas que ça n’existe pas », telle est l’une des phrases que l’on entend le plus souvent à propos de l’illettrisme. Le phénomène est souterrain, bon nombre des personnes en situation d’illettrisme sont en emploi. Au-delà, un grand nombre de nos concitoyens ont des difficultés de maîtrise des compétences de base. C’est pourquoi en 2013, la lutte contre l’illettrisme a été déclarée Grande Cause nationale pour la France.
Avec ce label, le Premier Ministre a souhaité que chacun puisse se voir proposer l’occasion d’acquérir les compétences fondamentales pour accéder au savoir, à la culture, à l’emploi, et à la formation professionnelle.
La lutte contre l’illettrisme a donc franchi une étape importante cette année après que le Premier Ministre a choisi d’attribuer ce label Grande cause nationale à un collectif « Agir ensemble contre l’illettrisme » de 67 grandes organisations fédérées par l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme (ANLCI). Pour la première fois, une campagne a été diffusée par les médias dans le but de donner une information simple et accessible sur ce phénomène encore trop souvent méconnu et sous-estimé.
Durant les premiers mois qui ont suivi l’attribution du label, les 67 membres du collectif Grande cause nationale ont choisi de s’engager au plus près des personnes et des territoires. Les Assises régionales de l’illettrisme organisées dans toutes les régions ont été un grand succès puisqu’elles ont réuni plus de 4.500 participants. Un effort important de sensibilisation a aussi été produit par les organisations du collectif au moyen de leurs propres outils de communication et des publications destinées à leurs adhérents.
Après le cycle mobilisateur des Assises régionales, le collectif « Agir ensemble contre l’illettrisme » a souhaité organiser à Lyon le 13, 14 et 15 novembre 2013, des Assises nationales et européennes de l’illettrisme. Ces rencontres ont été le point d’orgue de cette année « Illettrisme ». Pendant trois jours, près de 900 personnes se sont réunies pour mesurer le chemin parcouru, dresser de nouvelles perspectives, s’informer sur les pratiques qui réussissent et mettre en commun le travail mené sur tous les territoires. Il est donc essentiel que la dynamique générée par l’attribution du label grande cause nationale soit poursuivie après 2013 pour que l’illettrisme poursuive son recul.
Le problème est d’importance – 2,5 millions de personnes sont en situation d’illettrisme et presque 6 millions de personnes ont des difficultés de maîtrise des compétences de base – mais la mobilisation a été en 2013 à la hauteur des enjeux. Il reste à la poursuivre et à lui donner les suites politiques et institutionnelles qu’elle mérite.
Le 31 mai 2013, le Ministre en charge du travail, de l’emploi de la formation professionnelle et du dialogue social et le Ministre en charge de l’éducation nationale ont saisi le Conseil national de la formation professionnelle tout au long de la vie (CNFPTLV) pour faire des propositions en vue de fixer des objectifs et des orientations stratégiques en matière de prévention et de lutte contre l’illettrisme dans les prochaines années.
De juin à novembre, un groupe de travail reflétant la composition quadripartite du CNFPTLV a été réuni sous la présidence de Danielle Kaisergruber. En partant des rapports précédents sur ce thème : rapports de l’IGAS et l’IGEN en 2012, du Conseil d’Orientation de l’Emploi en 2010, du Conseil d’Analyse de la Société en 2009, le Groupe de travail a procédé à une douzaine d’auditions pour enrichir sa réflexion à travers les expériences et les analyses menées par différents types d’acteurs dans ce domaine tout au long de la vie des personnes. Ces travaux ont été menés en complète synergie avec l’ANLCI. L’Agence a participé à l’animation des travaux et a contribué à la rédaction du rapport avec les Ministères en charge de l’éducation nationale et de la formation professionnelle, ainsi que des représentants des partenaires sociaux et des régions. Les orientations et les recommandations permettront aux pouvoirs publics et aux instances dirigeantes de l’Agence d’enrichir son plan d’action pour les années à venir en déterminant des priorités, des actions nouvelles à mener, des initiatives à prendre. La liste des participants et la liste des organismes audités figurent en annexe.
La prévention et la lutte contre l’illettrisme sont multiformes et transversales aux habituelles séparations administratives et institutionnelles. Ce sont des actions qui doivent prendre place tout au long du parcours des personnes et véritablement tout au long de la vie : de la petite enfance à l’âge adulte. De la sensibilisation des maîtres dès les classes maternelles, à la formation des employés dans les services aux personnes âgées, ou au service militaire adapté Outre Mer, les auditions ont permis d’étayer les analyses et de concrétiser les recommandations qui seront faites au long des trois parties du rapport :
- Prendre la mesure du problème,
- Agir sur tous les fronts et tout au long de la vie, de la petite enfance à la formation des salariés en emploi et des demandeurs d’emploi,
- Coopérer en région dans la lutte contre l’illettrisme.
Tels sont les axes de ce rapport qui conclut sur quatre grandes familles de propositions mises en exergue :
- faire baisser le taux d’illettrisme de deux points d’ici 2018, le mesurer pour chaque région et en évaluer les résultats.
- concentrer les actions sur deux priorités à des âges différents de la vie : d’une part en matière de prévention de l’illettrisme chez les enfants et les adolescents par des actions vigoureuses de formation des enseignants et de sensibilisation des familles, d’autre part par des mesures en direction des plus de 45 ans et des résidants en zones rurales ou urbaines sensibles qu’ils soient salariés ou demandeurs d’emploi.
- développer et renforcer une organisation territoriale et partenariale de la prévention et de la lutte contre l’illettrisme en pérennisant les postes de chargés de mission dans les régions et en plaçant les plans régionaux de lutte contre l’illettrisme sous l’égide des CCREFP (Comités de Coordination Régionaux de l’Emploi et de la Formation Professionnelle).
- renforcer la mise à disposition d’outils de repérage et de prévention, de capitalisation des bonnes pratiques, ainsi que la sensibilisation des professionnels de l’orientation ;
- encourager les initiatives porteuses d’innovation et de partenariat entre le monde de l’éducation et de la formation et le monde de la recherche.
Enfin, compte tenu de l’importance du problème pour l’économie et la société, s’agissant des perspectives pour les années à venir et pour prolonger la grande cause nationale, une journée nationale de prévention et de lutte contre l’illettrisme se tiendrait chaque année le 8 septembre, date de la journée internationale de l’alphabétisation.
Les nombreuses contributions des Ministères, des Conseils régionaux, des partenaires sociaux, des acteurs de la lutte contre l’illettrisme sont présentées en annexes du rapport. Le CNFPTLV les remercie vivement de leur participation.
-> Consultez le rapport (PDF)
-> Consultez les annexes (PDF)