La critique des médias occupe une place importante au sein du mouvement de revendication des droits des femmes qui a marqué la seconde moitié du XXe siècle en Amérique du Nord. L’ouvrage La femme mystifiée publié en 1963 par Betty Friedan lance le bal en dénonçant le discours prônant le retour des femmes au foyer dans les magazines féminins de l’après-guerre. Le sexisme des médias de masse devient l’une des cibles principales de la National Organisation for Women fondée en 1966 aux États-Unis. Cette démarche militante, qui est influencée par les conceptions scientifiques dominantes en communication, nourrira à son tour la recherche scientifique sur les médias, de même que les politiques publiques d’encadrement ou de sensibilisation des médias. Par ailleurs, les courants féministes libéraux, radicaux et socialistes qui se sont entrecroisés au cours de cette période ont tous prôné la création de médias distincts et féministes devant faire contrepoids au pouvoir croissant d’une presse conservatrice véhiculant des valeurs patriarcales. C’est dans cet esprit que plusieurs périodiques militants ont été fondés. Au Québec, les plus importants sont Québécoises debouttes (1972-1974), les Têtes de pioche (1976-1979) et La Vie en rose (1980-1987). La Gazette des femmes (1979-), publiée par le Conseil du statut de la femme, un organisme parapublic, s’ajoute à ces voix discordantes dans un paysage médiatique toujours dominé par les hommes et une conception inégalitaire des rapports de sexe. Cette conférence se penche sur la place relative et la nature du discours critique au sujet des médias dans ces différents périodiques au cours des années chaudes du féminisme québécois que sont les décennies 1970 et 1980. J’espère, par cette conférence qui s’inscrit dans mes recherches sur l’histoire des femmes et des médias québécois de la seconde moitié du XXe siècle, contribuer à la connaissance de l’histoire du mouvement féministe québécois.