Agir ensemble pour contrer l'intimidation
Résumé:
Dans quel contexte le projet sur l’intimidation d’Alpha-Entraide a-t-il vu le jour?
Geneviève : C’est dans le cadre d’activités régulières, les ateliers de développement personnel et social – Nouvelles découvertes – que le projet sur l’intimidation a été réalisé. Il a été mené sur une période de dix semaines, au rythme des ateliers, une fois par semaine. Huit femmes, âgées de 20 à 60 ans, inscrites au Programme PAAS Action, ont décidé de faire un retour sur une expérience commune qu’elles avaient toutes vécue.
Comment la question de l’intimidation a-t-elle surgi?
Geneviève : D’abord, les participantes se connaissaient bien. Elles participaient à des ateliers depuis deux ans. Il y avait donc une relation établie entre elles, un climat de confiance. Pour animer les ateliers, je préparais quelques questions portant sur les relations interpersonnelles, par exemple :
- Pourquoi est-il si important d’avoir des relations positives avec autrui?
- Qu’est-ce que ça peut apporter?
- Qu’est-ce qu’on veut partager avec chaque personne?
- Comment sait-on si on vit une bonne ou une mauvaise relation?
En discutant, les femmes ont pris conscience qu’elles avaient toutes vécu une expérience d’intimidation dans leur passé. Ensemble, elles ont parlé des expériences qu’elles avaient vécues à l’enfance et à l’adolescence. Cette discussion a conduit le groupe à un consensus autour de l’idée de faire un projet pour offrir des moyens de se libérer de l’intimidation. Le fait qu’il s’agisse d’une expérience commune à tous les membres du groupe nous a permis d’en discuter de façon générale, en traitant des différentes formes d’intimidation. Le sujet a suscité beaucoup d’émotion, compte tenu des dures expériences de chacune. Cependant, j’ai invité les femmes à aborder cela en fonction des expériences et des faits vécus plutôt que des problèmes à fouiller.
Tout au long du projet, le groupe a vu à maintenir cet équilibre entre un sujet chargé de souvenirs douloureux et la volonté d’adopter un point de vue élargi afin de penser collectivement à des solutions pour surmonter l’intimidation. Le climat de confiance qui régnait dans le groupe a été une clé de la réussite de ce projet.
Comment les étapes suivantes se sont-elles précisées?
Geneviève : À la suite de la décision de faire un projet, les étapes suivantes se sont précisées au fil des semaines. Les réflexions ont forcé les participantes à faire des choix. De plus, nous avons eu l’occasion de diffuser les messages du groupe. Voici, en bref, des éléments des différentes étapes :
DISCUSSION AUTOUR DES EXPÉRIENCES VÉCUES ET RÉFLEXION COLLECTIVE SUR LES SOLUTIONS
Réflexions sur l’intimidation
- « Il est certain que vivre l’intimidation fait baisser notre estime et notre confiance en soi. .
- « Lorsqu’on ne veut pas parler de notre souffrance, c’est qu’il y a trop de honte, de gêne, de culpabilité, de peur de se faire juger...
Proposition de solutions
- Parler à des personnes de confiance : parents, professeurs, etc.
La symbolisation de l’intimidation
Pour faciliter la discussion, les participantes ont été invitées à choisir un symbole qui représentait l’intimidation.
La pomme
Les participantes ont choisi la pomme comme symbole de l’intimidation. En expliquant ce choix, elles ont mis des mots sur cette réalité.
- Les poques brunes sur la pomme représentent les coups durs de la vie.
- Le cœur de la pomme : l’identité de la personne.
- Les pommes pourries : l’empoisonnement par les problèmes.
- Les pépins : les solutions, les fruits de la prévention et de l’éducation, pour ne pas que ça se répète chez les jeunes.
- Les pommes : des êtres humains avec leur couleur unique, la beauté, le rejet.
Le pommier
Par la suite, le groupe a déterminé qu’il faudrait un pommier pour contenir les pommes à l’intérieur desquelles les messages des participantes devraient être inscrits.
- Des branches, comme des bras qui entourent.
- Des mots, au sens profond : vieillesse, sagesse, racines, vie, force, union, paix, énergie, amour, tranquillité, vie meilleure, espoir, nature, renaissance.
- Un trou dans l’arbre, représentant une carapace, une maison, permettant de se protéger, de se cacher pour devenir invisible aux yeux des autres.
Et l’environnement
- Soleil : réchauffe, éclaire, rayonne, illumine notre cœur de joie.
- Nuages : éloignent la tristesse, représentent le mal de vivre, les idées noires.
- Verdure : espoir.
- Fleurs : fleurs fanées qui s’ouvrent à la vie, qui s’épanouissent, qui signifient qu’on renaît.
- Un personnage : éteint le feu, éloigne le mal et la méchanceté et s’en va vers l’amour, l’amitié, et le respect.
Le groupe a-t-il pu diffuser ses messages sur l’intimidation?
Geneviève : Pour diffuser le message du groupe, Alpha Entraide s’est associé à un grand projet sur l’intimidation, soit le Projet EVEIL, initiative d’organismes communautaires locaux regroupés au sein de la Table de prévention promotion famille enfance jeunesse de Lévis afin d’aider les jeunes vivant de l’intimidation. La production des participants a été publiée dans un bulletin diffusé largement au sein de ressources communautaires et publiques de la localité.
http://projeteveil.com/journal/Infolettre%2012-2015.pdf
Quelle évaluation avez-vous faite du projet?
Geneviève : Un an après la fin du projet, nous avons discuté en groupe de l’impact de celui-ci. Le climat de confiance au sein du groupe est ressorti comme un élément important : « Je suis contente de ne pas avoir de jugement parce qu’on était un groupe qui se connaissait bien. » Le projet a permis de constater que l’intimidation était un problème pour bien des personnes, peu importe l’âge, et qu’il faut en parler. Ce projet constitue « une expérience qui pourra servir ailleurs, sur le marché du travail ou à l’école plus tard. Ça va me servir à être plus forte, plus sûre de moi pour régler mes choses avec la personne concernée et à moins me fier sur l'opinion des autres ».
Entrevoyez-vous des suites à ce projet? Des perspectives?
Geneviève : Les participantes à ce projet sont demeurées motivées, et les autres pistes d’action qu’elles avaient tracées pour diffuser leur message restent présentes et pourraient un jour ou l’autre se matérialiser au gré de l’évolution des événements et des préoccupations du groupe.