Récemment, des milliers de femmes au Québec ont dénoncé publiquement les agressions sexuelles qu’elles avaient subies, par exemple dans le cadre des campagnes « Agressions non dénoncées », « On vous croit » ou encore « Sans oui c’est non ». Grâce à ces dernières, il ne devrait plus être possible aujourd’hui d’ignorer que 83 % des victimes sont des filles et des femmes tandis que 97 % des auteurs présumés sont des hommes, ni de remettre en cause que seulement 10 % des agressions font l’objet d’une plainte à la police. Il devrait être désormais évident que loin de constituer une série d’actes isolés, les violences sexuelles doivent plutôt être appréhendées comme un phénomène social, produit, toléré et encouragé par la culture du viol. Les institutions publiques, policières, juridiques, médicales ou encore universitaires y participent directement que ce soit par des réponses inadéquates, par la culpabilisation des victimes ou encore la protection des agresseurs.
Les mobilisations féministes ont certes permis de mettre en évidence l’ampleur de la culture du viol, mais le fait que les violences sexuelles ne touchent pas toutes les femmes de la même manière est encore trop souvent ignoré par le grand public. La culture du viol s’imbrique en effet avec le colonialisme, le capacitisme, le racisme, le capitalisme, la lesbophobie ou encore la transphobie. Les agressions sexuelles constituent d’abord une prise de pouvoir sur le corps des femmes et les femmes se situant à l’intersection de plusieurs rapports sociaux inégalitaires sont ainsi plus à risque de subir une agression. Il est temps d’en finir avec l’invisibilisation des violences vécues par les femmes lesbiennes, les femmes trans, les femmes âgées, les femmes racisées, les femmes autochtones, les femmes prostituées/travailleuses du sexe ou encore les femmes en situation de handicap.
Par exemple, ce sont 40 % des femmes et des filles vivant avec un handicap physique, des déficiences intellectuelles ou des troubles de santé mentale et des femmes sourdes qui vivront au moins une agression sexuelle au cours de leur vie. Ces filles et ces femmes sont 4 fois plus à risque de se faire agresser que les femmes sans incapacité. Ces violences prennent différentes formes, allant du harcèlement verbal à l’agression physique, de la stérilisation à l’avortement forcé, du déni de sexualité à l’abus sexuel. Les situations de dépendance, créées par l’organisation capacitiste de la société, renforcent cette vulnérabilité : près du tiers des agressions sont commises par les personnes censées assister ces femmes. Le respect du consentement doit être la règle pour chacune d’entre nous.
Les violences sexuelles sont un phénomène social : ce n’est donc pas une situation immuable! Pendant les 12 jours d’action, les féministes se mobilisent partout au Québec pour lutter contre les violences et nous vous invitons à diffuser le calendrier des actions et à y participer massivement.
Ressources d'aide
Ligne provinciale 24/7 pour victimes d’agression sexuelle : 1-888-933-9007
Centres d’aide pour les femmes victimes d’agressions sexuelles
Répertoire des ressources d'aide
Guide d'amour-propre pour survivant.e.s de traumatismes sexuels