Réunion extraordinaire des chefs d'État et de gouvernement pour réaffirmer l’engagement en faveur de l'éducation
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Plus de 70 chefs d'État, de gouvernement et de ministres, ainsi que des partenaires internationaux se sont concertés en ligne le 22 octobre lors d’une réunion extraordinaire sur l'éducation mondiale convoquée par l'UNESCO, les gouvernements du Ghana, de la Norvège et du Royaume-Uni ; ils ont adopté une Déclaration exprimant un engagement ferme à protéger le financement de l'éducation qui détaille les mesures à adopter dès l'an prochain afin de préserver l'éducation de l’impact dévastateur des perturbations causées par le COVID-19.
« À un moment où les pays font des choix et des compromis difficiles pour redresser leur société, l'éducation doit être notre priorité absolue, notre pilier pour la reprise. Et pourtant, seule une part minime – moins de 1% en moyenne - a été réservée à l'éducation et à la formation dans les plans de relance nationaux. Le financement de l'éducation n'est pas un coût : c'est notre investissement à long terme le plus essentiel. Si nous n'allouons pas ce financement maintenant, nous serons confrontés à un avenir plus sombre », a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, en ouvrant la réunion par l'observation d'une minute de silence en mémoire de Samuel Paty, l'enseignant assassiné en France le 16 octobre dernier.
La réunion a rassemblé le Secrétaire général des Nations Unies, les présidents de l'Angola, de la Colombie, de la République démocratique du Congo, du Kenya, de la Namibie, du Portugal et du Rwanda, ainsi que les premiers ministres de l'Italie, du Maroc, de la Norvège et de l'Espagne, le vice-premier ministre du développement social de l'Ouzbékistan, l'avocate des Objectifs de développement durable (ODD), la reine Mathilde de Belgique, et l’avocate des ODD, Envoyée Spéciale de l'UNESCO pour l'éducation de base et l'enseignement supérieur, fondatrice et Présidente de la fondation Education Above All, Son Altesse Sheikha Moza Bint Nasser. Plus de 65 ministres de l'éducation des cinq continents ont pris la parole afin de partager les mesures visant à contrer l'impact de la pandémie sur l'instruction, aux côtés d'organisations multilatérales et régionales parmi lesquelles le Partenariat mondial pour l'éducation et de la Fondation Education Above All.
L'éducation est la solution, le financement et la volonté politique sont essentiels », a souligné le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
Affirmant que « l'éducation était au cœur de l'investissement de l'Union européenne dans le développement », la commissaire européenne chargée des partenariats internationaux, Jutta Urpilainen, a annoncé « la décision de faire passer de 7 à 10% le financement de l'UE pour l'aide à l'éducation dans les pays partenaires sous [sa] responsabilité ».
Le Président du Conseil italien, Giuseppe Conte, a affirmé que l'éducation de qualité serait l'un des piliers de la présidence italienne du G20 qui sera axée sur les populations, la planète et la prospérité.
L'envoyée spéciale du Royaume-Uni pour l'éducation, la Baronne Sugg, a souligné l'importance de la présidence britannique du G7 : « Le Royaume-Uni défend le droit de chaque fille à 12 ans d'une instruction de qualité. Il place cette question au cœur de sa présidence du G7 et coorganise un grand sommet mondial sur l'éducation l'année prochaine afin de collecter des fonds pour scolariser les enfants et reconstruire en mieux à partir du coronavirus ».
La Première ministre de la Norvège, Erna Solberg, coorganisatrice de la réunion, estime que « deux éléments sont importants pour une reprise rapide : le financement et l'engagement politique. Dans de nombreux cas, le droit à l'éducation restera une promesse vide de sens si les dépenses d'éducation n'augmentent pas. Nous devons mobiliser davantage de financement international pour l'éducation mondiale », a-t-elle souligné.
La Déclaration entérinée par les participants condamne les attaques récentes ayant visé des enseignants, des étudiants et des écoles ; elle réaffirme le rôle de l’éducation et des enseignants. Elle définit les actions prioritaires essentielles à la reprise de l'éducation dans les 15 mois à venir :
- Prendre toutes les mesures nécessaires pour rouvrir les écoles de manière sûre et inclusive ;
- Soutenir tous les enseignants en tant que travailleurs de première ligne et prêter une attention particulière à leur formation et à leur développement professionnel ;
- Investir dans le développement des compétences, depuis la dimension socio-émotionnelle jusqu’à l'acquisition de savoir-faire pour de nouveaux emplois
- Réduire la fracture numérique qui a donné un coup d’arrêt à l'instruction d'un tiers des étudiants du monde.
Ces actions prioritaires exigent que les budgets de l'éducation soient au moins protégés, voire augmentés. Dans la Déclaration, les gouvernements et les partenaires déclarent leur engagement à :
- Maintenir ou augmenter la part des dépenses publiques consacrées à l'éducation dans une fourchette comprise entre 4 et 6% du produit intérieur brut et/ou dans la proportion de 15 à 20% de la dépense publique ;
- Veiller à ce que les plans de relance soutiennent des mesures qui atténueront les pertes d'apprentissage et permettront aux personnes les plus vulnérables de retourner à l'école ;
- Accroître le volume, la prévisibilité et l'efficacité de l'aide internationale et
- Cibler l'aide en faveur des pays et des populations qui en ont le plus besoin, y compris ceux qui ne bénéficient pas de programmes gouvernementaux.
Le président Uhuru Kenyatta a souligné que le Kenya avait « inclus un important volet éducation dans son plan de relance économique ». Le Président du Gouvernement espagnol, Pedro Sánchez a déclaré que « la modernisation de notre système éducatif était une priorité pour ce gouvernement » et « que l'éducation et le développement professionnel deviendraient une politique transversale impliquant tous les ministères du gouvernement ».
Le président colombien Iván Duque Márquez a affirmé que la pandémie avait permis de réaliser que l'éducation était la politique publique la plus importante de transformation de la société.
L'Envoyée spéciale du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Angelina Jolie, qui a soutenu la Coalition mondiale pour l'éducation de l'UNESCO, a reconnu que « tous les pays étaient confrontés à d'énormes pressions. Mais essayer d'équilibrer les comptes au détriment de l'éducation serait totalement voué à l'échec, ainsi que moralement indéfendable », selon elle.
Dans leurs interventions, de nombreux participants ont reconnu le rôle de l'UNESCO dans l'amélioration de la coordination de l'éducation mondiale pour accélérer les progrès vers l’ODD 4 visant à assurer l'accès de tous à une éducation de qualité. Cela vient en écho à la Déclaration qui demande à l'UNESCO d'examiner et de proposer des stratégies susceptibles de récupérer et d’accélérer les avancées précédemment obtenues ainsi que de de renforcer le Comité directeur ODD-Éducation 2030 afin d’orienter et coordonner la coopération mondiale en matière d'éducation.
Dans le cadre de cette réunion, une coalition mondiale d'organisations sans précédent a appelé à investir d'urgence dans l'éducation afin de prévenir une catastrophe générationnelle. En publiant un livre blanc (en anglais), dans le cadre d’une campagne intitulée « Sauvons notre avenir » - un mouvement des plus grandes organisations multilatérales de l'éducation en partenariat avec plus de 600 organisations de la société civile, organismes de recherche, fondations, médias, jeunes et personnes influentes. Celles-ci ont dressé une feuille de route fondée sur des données étayées et contenant des recommandations concrètes à l'intention des gouvernements afin de reconstruire les systèmes éducatifs en les améliorant.