Mode de travail hybride : un employeur sur deux souhaite une plus grande présence des employé·es dans les lieux de travail
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Montréal, le 2 octobre 2024 – Deux ans après la levée de toute restriction sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, le télétravail reste une formule fortement appréciée des travailleur(-euse)s québécois(es) qui exercent des responsabilités parentales ou de proche aidance, tandis que les employeurs sont de plus en plus nombreux à demander qu’ils augmentent leur présence au bureau.
Selon les plus récentes données du sondage annuel sur la conciliation famille-travail réalisé par Léger pour le compte de Concilivi, une initiative du Réseau pour un Québec Famille (RPQF), la proportion de parents en emploi qui ont la possibilité d’effectuer du télétravail reste stable à environ six sur dix (58 %), pour la plupart en mode hybride.
Toutefois, près de la moitié de ces dernières (46 %) indiquent qu’au cours de la dernière année, leur employeur a resserré sa politique de télétravail afin de favoriser une plus grande présence au bureau. En effet, 22 % mentionnent qu’elles ont désormais l’obligation de faire un plus grand nombre de jours en présentiel, alors que 24 % précisent que plus de jours en présentiel sont souhaités par l’employeur, sans que cela fasse l’objet d’une obligation stricte.
Plus performant(e)s en télétravail?
Cette volonté de voir les employé(e)s réinvestir davantage les lieux de travail risque toutefois de se heurter à une conviction importante : la majorité (61 %) des répondant(e)s au sondage s’estiment plus performants lorsqu’ils sont en télétravail. Une impression encore plus élevée chez les travailleuses (68 %) que chez les travailleurs (54 %).
« Le télétravail permet une plus grande flexibilité dans la gestion des tâches et de l’horaire et cela se répercute dans le sentiment de performance au travail », analyse la professeure Diane-Gabrielle Tremblay, qui collabore à la réalisation de l’étude annuelle. « D’ailleurs, la formule hybride est fortement appréciée, soit par 85 % des répondant(e)s au sondage, et 79 % sont d’avis qu’elle facilite la conciliation famille-travail. Par contre, les employeurs tentent toutefois de ramener les employés au bureau, en affirmant que la créativité et la performance sont meilleures au bureau qu’à distance ou avec des rencontres en ligne », ajoute-t-elle.
Quelques bémols
Aussi apprécié soit-il, le télétravail vient aussi avec quelques bémols, révèle le sondage. Notamment, 52 % des répondant(e)s affirment que le télétravail rend la déconnexion plus difficile. Une proportion de 49 % d’entre eux(-elles) indiquent ressentir un moins grand soutien de leurs collègues par rapport à leurs besoins de conciliation famille-travail lorsqu’ils(-elles) sont en télétravail. De plus, 45 % croient que le télétravail a pour effet de les exclure de certains réseaux de décision et 39 % estiment qu’il a un effet négatif sur leur carrière en raison d’une présence et d’une visibilité moindres. De façon générale, les hommes perçoivent ces inconvénients de façon plus marquée que les femmes.
« Les réseaux informels d’influence et de pouvoir au sein des milieux de travail ont peut-être traditionnellement favorisé davantage les hommes, tandis que les femmes conservent une plus grande charge mentale envers les responsabilités familiales et domestiques. Cela peut contribuer à expliquer cette différence de genre dans la perception des avantages et des inconvénients du télétravail », avance Diane-Gabrielle Tremblay.
La conciliation famille-travail toujours sous pression
Dans le contexte d’une main d’œuvre toujours rare malgré l’augmentation récente du taux de chômage, la proportion de travailleurs et travailleuses qui trouvent difficile de concilier famille et travail augmente une fois de plus cette année, passant de 39 % à 43 %. À la sortie de la pandémie, en 2022, cette proportion était de 33 %. On note donc un bond de dix points de pourcentage en deux ans.
On constate également une diminution de l’utilisation des mesures de conciliation famille-travail, surtout celles qui requièrent de la flexibilité dans l’organisation du travail, par exemple le choix des vacances, les congés pour responsabilités familiales, la reprise de temps accumulé ou le fractionnement des congés. Parmi les raisons invoquées, le fait de vouloir se conformer aux attentes du milieu de travail augmente de façon notable, passant de 9 % à 15 %.
Conciliation proche aidance et travail, un tabou?
Le sondage met aussi en lumière les difficultés particulières des personnes qui exercent des responsabilités de proche aidance à concilier ce rôle et celui du travail, particulièrement lorsqu’elles sont aussi parents d’enfants mineurs. Parmi ces dernières, 53 % mentionnent que cette conciliation leur est difficile.
« Les politiques de conciliation famille-travail sont généralement conçues pour répondre aux besoins des parents et la réalité des personnes proches aidantes en entreprise est souvent mal comprise, ce qui peut contribuer à un sentiment de stigmatisation de leur part », affirme Corinne Vachon Croteau, directrice générale du Réseau pour un Québec Famille. Une personne proche aidante sur trois (39 %) indique d’ailleurs craindre des impacts négatifs sur sa carrière si elle demande des congés ou des aménagements. Qui plus est, 38 % disent éviter de révéler leur situation à leur employeur par crainte de jugements ou de perte d’opportunités au travail.
« Il est préoccupant de constater qu’un si grand nombre de personnes proches aidantes n’osent pas parler de leur réalité à leur employeur. Cela démontre à quel point il s’agit d’un tabou qui n’a pourtant pas sa raison d’être. Avec le vieillissement de la population, il devient impératif de mettre en place des mesures concrètes pour soutenir les personnes proches aidantes. La sensibilisation des employeurs à leurs besoins et à la diversité des situations de proche aidance constitue le prochain défi de la conciliation famille-travail », précise la directrice générale.