Plan d’action pour mettre fin à la violence contre les femmes autochtones : peu de progrès ont été accomplis

8 juin 2022

Plan d’action pour mettre fin à la violence contre les femmes autochtones : peu de progrès ont été accomplis

« Aujourd’hui nous voyons les tristes résultats de la faible réponse gouvernementale aux crimes commis envers les femmes autochtones… »
Lynne Groulx, directrice générale de l’AFAC

2 juin 2022, OTTAWA – Une analyse approfondie du Plan d’action national du gouvernement fédéral pour contrer la violence envers les femmes, les filles et les personnes de diverses identités de genre autochtones révèle que peu de progrès ont été accomplis au cours de l’année qui vient de s’écouler pour réduire le nombre scandaleux de meurtres et de disparitions.

L’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) a évalué le Plan d’action national et La voix fédérale qui l’accompagne, annoncés le 3 juin 2021, soit deux ans après la publication du rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (FFADA), dans lequel les commissaires déclaraient que la violence fait partie d’un génocide en cours.

Dans le Plan d’action national du Canada relatif aux FF2EADA : fiche d’évaluation annuelle, publiée jeudi, l’AFAC a fait le suivi des engagements pris par le gouvernement dans son plan, en notant la mise en œuvre des actions qui devaient permettre d’atteindre sept objectifs à court terme et d’énoncer les prochaines étapes nécessaires pour répondre aux 231 Appels à la justice de l’Enquête nationale.

Certaines avancées ont été accomplies au cours des 12 derniers mois relativement à certaines actions, mais il y en a eu peu ou pas de progrès pour d’autres.

Ce manque d’action n’est pas un problème seulement pour les femmes, les filles et les personnes de diverses identités de genre autochtones dont les vies sont en danger. Un vaste sondage publié vendredi par Nanos Research constate, entre autres, que les Canadiennes et les Canadiens sont trois fois plus susceptibles de dire que leur pays a fait un mauvais travail lorsqu’il s’agit de restreindre les meurtres et les disparitions qu’ils ne sont susceptibles de louanger le travail fait à l’échelle fédérale pour mettre fin au carnage. On peut consulter ce sondage, ainsi que des documents relatifs à la fiche d’évaluation annuelle de l’AFAC à l’adresse suivante : www.nwac.ca.

L’AFAC avait écarté le Plan d’action national, lors de sa publication, disant que c’était un document idéaliste, dépourvu de financement, de calendrier ou d’objectifs mesurables.

Le budget fédéral de 2021 prévoyait 2,2 milliards $ sur cinq ans pour renverser le génocide envers les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA autochtones. Mais les engagements énoncés dans le plan n’étaient pas chiffrés individuellement et il y a peu d’information indiquant comment ces fonds sont distribués et quelle action concrète est accomplie.

« Aujourd’hui, nous voyons les tristes résultats de la faible réaction du gouvernement aux crimes commis envers les femmes, les filles et les personnes de diverses identités de genre autochtones », a dit Lynne Groulx, directrice générale de l’AFAC. « Tel qu’il a été rédigé, le Plan d’action national était en réalité une recette d’inaction et les personnes que notre organisation représente en paient le prix. »

Juste avant la publication du Plan d’action national, l’AFAC avait publié son propre plan chiffré, intitulé Nos Appels, nos actions, pour exposer dans les grandes lignes comment elle allait s’y prendre pour répondre aux Appels à la justice de l’Enquête nationale. L’AFAC a le plaisir d’annoncer qu’elle a mené à bien 40 des 66 actions de ce plan et que des progrès ont été accomplis relativement à 18 autres actions.

Au cours de l’année qui vient de s’écouler, l’AFAC a introduit 16 projets ou programmes différents visant à réduire la violence envers les femmes, les filles et les personnes de diverses identités de genre autochtones. Beaucoup de ces projets ont été réalisés par la création des pavillons de résilience, qui sont maintenant établis dans deux provinces et en préparation dans d’autres provinces canadiennes.

En même temps, l’AFAC établissait trois mécanismes de responsabilisation distincts pour assurer le suivi de ses réalisations et mettre l’accent sur ce qu’il restait à faire.

« Ce sont des choses que nous avons mises en œuvre parce que nous ne pouvons tout simplement pas rester à l’écart et ne rien faire pendant que nos mères, nos filles, nos sœurs et nos tantes nous sont enlevées », a dit Mme Groulx. « Nous comprenons tout à fait l’urgence de la situation, même si ce n’est pas le cas de ceux qui sont au pouvoir. »

Statistique Canada a dit plus tôt cette année que deux-tiers des femmes des Premières Nations et des Métisses affirment avoir été agressées physiquement ou sexuellement depuis l’âge de 15 ans — un taux qui est considérablement plus élevé que celui que rapportent les femmes non autochtones.

Entre 2015 et 2020 (l’année la plus récente pour laquelle il y a des chiffres), les femmes autochtones constituaient 24 pour cent de toutes les femmes victimes d’homicide au Canada, malgré le fait qu’elles ne constituent que 5 pour cent de la population de sexe féminin au Canada. Rien ne permet de supposer que ces crimes sont à la baisse.

« Il est essentiel d’agir pour mettre fin à ce génocide », a dit Mme Groulx. « Les Appels à la justice de l’Enquête nationale sont des impératifs juridiques, et leur mise en œuvre n’est pas optionnelle », a‑t‑elle déclaré.

« Trois ans se sont écoulés depuis que l’Enquête nationale a tracé la voie pour mettre fin au génocide », a dit Mme Groulx. « L’AFAC est allée très loin dans ses efforts pour mettre fin aux meurtres et aux disparitions. Nous exhortons le gouvernement à se joindre à nous dans ce cheminement maintenant, aujourd’hui, avant que beaucoup d’autres vies soient perdues. »

On peut consulter la fiche d’évaluation annuelle du Plan d’action national et la fiche d’évaluation du Plan d’action national de l’AFAC : Nos appels, nos actions sur le site Web de l’AFAC : www.NWAC.ca.

Voici un résumé de l’analyse par l’AFAC des progrès accomplis par le gouvernement au cours des 12 derniers mois en réponse aux 23 actions mentionnées dans son Plan d’action national, répartis en fonction des objectifs et des prochaines étapes.

  • Opérer des changements transformateurs dans les attitudes, les comportements et les connaissances au sein de la société en général. Des progrès ont été accomplis relativement aux deux actions. Il y a eu des engagements à l’égard du financement, mais peu de choses ont réellement été faites pour réaliser des changements en profondeur.
  • Placer les familles et les survivantes au centre du processus visant à mettre fin à la violence, et leur apporter un soutien concret. Il y a eu du progrès dans deux actions sur trois visant l’atteinte de cet objectif, tandis qu’il y en a eu peu ou pas pour une autre. Il y a eu des engagements de financement, mais peu de choses ont été faites pour soutenir directement les survivantes et les familles.
  • Soutenir la mise en œuvre de programmes et de services d’organisations autochtones et d’organismes de proximité pour lutter contre toutes les formes de violence fondée sur le sexe et la race. Il y a eu du progrès relativement aux deux actions de cette section. Du financement a été dirigé vers la prévention de la violence, le logement et d’autres secteurs et il en est résulté une certaine lancée positive.
  • S’attaquer aux causes profondes de la violence envers les femmes, les filles et les personnes de diverses identités de genre autochtones. Il y a eu du progrès relativement à QUATRE actions de cette section, tandis qu’il y a eu peu ou pas d’action relativement à deux actions.
  • Élaborer un mécanisme national de responsabilisation en matière de droits fondamentaux des Autochtones, y compris les droits issus de traités et les droits constitutionnels. Il n’y a eu d’action dans aucun des trois objectifs de cette section. Il n’y a pas eu de création d’organes de supervision ni d’un groupe de travail national, tandis que la transparence et le suivi se sont fait rares.
  • Appuyer une modification de paradigme dans les politiques et les systèmes à travers le Canada qui définisse ce qu’on entend par changement transformateur en matière de justice, de santé et de bien‑être, de sécurité humaine, de culture et de droits fondamentaux des Autochtones, ce qui comprend les droits inhérents, les droits issus de traités et les droits constitutionnels. Il y a eu un certain progrès relativement à trois actions de cette section et peu ou pas de progrès pour une action. Nous avons vu de l’action par l’intermédiaire de la législation et en ce qui concerne le financement, mais il en faut plus encore.
  • Établir une infrastructure de données sur les Autochtones culturellement appropriée qui reflète les femmes et les personnes 2ELGBTQQIA+, basée sur la souveraineté des données autochtones et des indicateurs culturellement ancrés et basés sur les distinctions. Il y a eu peu ou pas de progrès relativement à ces deux actions et un certain progrès pour une action. Dans l’ensemble, l’amélioration de la collecte des données n’est pas évidente, mais il y a eu un engagement en ce qui concerne le financement, ainsi qu’une augmentation des rapports au sujet des incarcérations.
  • Prochaines étapes immédiates. Il y a eu un certain progrès pour trois des huit prochaines étapes promises, tandis qu’il y en a eu peu ou pas relativement à cinq étapes. C’est dû en grande partie à un manque de suivi et de transparence.

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Pour obtenir plus d’information ou prendre des dispositions pour une interview, contacter Gloria Galloway, par courriel : gloria@gloriagalloway.com ou par téléphone : 613-447-6648.