Depuis 1965, l'importance de l'alphabétisation pour les personnes, les communautés et la société est soulignée le 8 septembre. Puis, la période 2003-2012 a été proclamée Décennie des nations-unies pour l'alphabétisation (DNUA) et un plan d'action a été mis en place. L’objectif était d’accroître le taux d’alphabétisation et de renforcer l’autonomisation de toutes et tous partout dans le monde.
Les femmes et l'alphabétisation au début des années 2000 : genre et développement
L’UNESCO informait, lors du lancement du projet, qu’une personne sur cinq âgée de plus de quinze ans ne disposait pas des compétences nécessaires pour communiquer à l’écrit, et que deux tiers de ces personnes étaient des femmes.
Ainsi, en 2010, le thème spécifique du calendrier de la DNUA n’était autre que l'alphabétisation et l'autonomisation des femmes. Irina Bokova, alors Directrice générale de l'UNESCO, en a parlé avec éloquence dans son message pour la Journée internationale de l'alphabétisation 2008 :
« Lorsqu’une femme sait lire et écrire, elle peut faire des choix lui permettant d’améliorer considérablement sa vie. Pourtant, dix ans après l’entrée dans le 21e siècle, deux tiers des 759 millions d’adultes analphabètes dans le monde sont des femmes. Cette situation intolérable reflète l’une des injustices les plus tenaces de notre époque : l’inégalité de l’accès à l’éducation. Aucune raison, qu’elle soit d’ordre culturel, économique ou social, ne justifie que les filles et les femmes se voient refuser l’accès à l’éducation. Il s’agit d’un droit fondamental et d’une condition sine qua non pour atteindre tous les objectifs de développement convenus au niveau international. L’analphabétisme est responsable de la marginalisation des femmes et constitue un obstacle de premier ordre à la réduction de la pauvreté extrême, dans un monde où les technologies occupent une place prépondérante et où savoir lire, écrire et compter est indispensable pour exercer ses droits fondamentaux et saisir ses chances. Pour toutes ces raisons, cette année, la Journée internationale de l’alphabétisation met l’accent sur le rôle capital de l’alphabétisation dans l’autonomisation des femmes. »
Pour atteindre un taux de 50 % d’alphabétisation chez les adultes, la stratégie des Nations Unies était alors composée de six points :
- Placer l’alphabétisation au centre des systèmes nationaux d’éducation et des initiatives de développement à tous les niveaux;
- Adopter une double approche accordant une importance égale aux modalités d’éducation formelles et non formelles, en créant une synergie entre les deux;
- Promouvoir un environnement favorable à la pratique et à une culture de la lecture dans les écoles et les communautés;
- Assurer la participation des communautés dans les programmes d’alphabétisation et l’appropriation de ceux-ci par les communautés;
- Forger des partenariats à tous les niveaux, notamment national, entre les gouvernements, la société civile, le secteur privé et les communautés locales, ainsi qu’aux niveaux sous régional, régional et international;
- Mettre en place des processus de suivi et d’évaluation systématique à tous les niveaux, étayés par des résultats de recherches et des bases de données.
Il est important de souligner que les programmes d’alphabétisation des femmes sont parfois purement fonctionnels sans être critiques. En d’autres termes, il peut s’agir de leur permettre de mener plus efficacement leurs tâches quotidiennes sans remise en question des rôles traditionnels et des injonctions sociales. C’est pourquoi la dimension d’autonomisation est essentielle – et il est nécessaire qu’elle soit traduite politiquement.
Les femmes et l’alphabétisation aujourd’hui : genre et développement durable
À l’occasion du 8 mars 2024, l’UNESCO a voulu mettre en lumière les projets UNESCO Green Citizens, qui permettent d’allier autonomisation des femmes et écologie. Le constat de départ est simple : le dérèglement climatique affecte les femmes de manière disproportionnée et elles disposent d’une expertise spécifique en matière de biodiversité. Dès lors, en plus de réduire les inégalités de genre, leur donner les outils nécessaires à leur pleine participation permet une lutte et une adaptation d’autant plus efficaces face aux changements climatiques. Pour en savoir plus sur ces projets, cliquez ici.
Cette préoccupation n’est cependant pas nouvelle, puisqu’en 2014, l’Unesco produisait un rapport important intitulé « Alphabétisation et éducation pour le développement durable et l’autonomisation des femmes ».
Présentation de groupes intervenants
Un peu partout dans le monde, des organismes travaillent avec courage et dévouement à l'alphabétisation et à l'autonomisation des femmes.
Au Québec
C'est en 1984 que La Gigogne, une maison pour femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants, a saisi l'occasion d'ajouter à ses services un volet d'alphabétisation pour les femmes. Les maisons d'hébergement offrent des services pour répondre aux besoins des femmes et des enfants victimes de violence conjugale qui, ultimement, visent une reprise de pouvoir sur leur vie. Alpha de La Matanie, anciennement Alpha La Gigogne, ajoute un volet éducatif, en offrant des Ateliers-jeux pour les 0-5 ans, ainsi que des services d'alphabétisation et d'initiation à l'informatique aux femmes.
Lisez la chronique « Alphabétisation et l'autonomisation des femmes : regard sur Alpha La Gigogne » pour en savoir plus sur ce groupe fort dynamique.
Le Y des femmes de Montréal a été fondé le 23 février 1875. Si l’organisme a nécessairement évolué avec le temps, il conserve sa mission d’accueil et d’accompagnement des femmes nouvellement arrivées à Montréal. Le volet Développement des apprentissages propose du tutorat en alphabétisation (et en francisation), ainsi que des séances de conversation, en français et en anglais. Ces séances sont animées principalement par des bénévoles.
Consultez la page d’accompagnement personnalisé pour en savoir plus sur cet organisme multiservices.
Depuis 1977, l’organisation non gouvernementale sans but lucratif œuvre en matière d’accès à l’éducation et de réduction des inégalités de genre. À l’échelle locale, la Fondation œuvre à la maitrise de la langue française, notamment dans les écoles primaires et secondaires. Au niveau international, elle a notamment travaillé à l’autonomisation des femmes rurales au Bénin.
Consultez leur plan stratégique pour en savoir plus.
Au Canada
Pluri-elles est un organisme sans but lucratif, mis sur pied en 1982 par les femmes et pour les femmes, qui offre aux Manitobaines et aux Manitobains de tous les âges, les outils nécessaires pour grandir sur les plans personnel et professionnel. Ses programmes et services gratuits touchent les domaines de l’éducation, la formation, l’économie, la culture, la santé et les services sociaux.
À l'international
En 2010, six organismes ont reçu un prix de l’UNESCO reconnaissant l’excellence et l’innovation dans le domaine de l’alphabétisation à travers le monde :
- Direction générale de l’éducation et la formation des adultes - DGEFA (Cap-Vert)
- Institut d’Etat pour la formation des enseignants et le développement de l’école (Hambourg, Allemagne)
- Centre d’éducation non-formelle (Népal)
- Gouvernorat d’Ismaïlia (Égypte)
- Coalition des agricultrices - COWFA (Malawi)
- Fondation universitaire catholique du Nord (Antioquia, Colombie)
Lisez la présentation des lauréats pour en savoir plus.
Bibliographie
Découvrez une bibliographie tirée de la collection de Co-Savoir. Elle comporte une quarantaine de titres, dont une sélection de matériel didactique et des documents sur l'alphabétisation et les femmes dans un contexte de développement.